lundi 13 décembre 2010

LA VIOLENCE DANS ALBATOR


Arrêtons-nous un instant sur une scène qui m'a véritablement marqué lorsque j'étais gosse et qui permet de voir l'évolution de notre société.
Albator 78 fut diffusé en... 1980! Bravo! Et oui, c'était le piège. Je regardais cette série chaque semaine. Elle n'était pas aussi vitale que Goldorak à ma survie, mais pas loin. Son ambiance glauque et son scénario plutôt recherché me changeaient vraiment du prince d'Euphor et du classique "guitare sèche-ramassage des bottes de pailles-oeillades de Vénusia-indifférence-coup de poing dans la gueule d'Alcor-lune rouge-inquiétude-attaque de la ville par un Golgoth-ME-TA-MOR-PHO-SE-je vais prendre la route N°7-GOLDORAK GO!-je dois vaincre pour l'amour de la planète bleue-CORNO-FULGURE-retour à la base-bottage du cul d'Hydargos par Minos.

En ce début de 1980, j'étais tranquillement installé dans la banquette familiale en skaï et je regardais Albator. Cela n'avait beau être que le troisième épisode de la série, je "mordais" bien à l'hameçon de ce corsaire, ou pirate de l'espace suivant les pochettes de disques. Son Atlantis était sublime et son capitaine, sombre et froid, avait fière allure. J'attendais donc mon content de batailles spatiales. Et je vis ceci:


Je n'ai jamais oublié l'intense violence de cette scène, jamais! Le rayon traversant de part en part le vieil homme, son hurlement, le découpage de sa chute, le ralenti, l'écho, le côté graphique en noir et blanc avec seulement l'oeil rouge. C'était tout bonnement hallucinant de violence pour un dessin-animé et surtout à cette époque. Et c'est ça le plus dingue: que cette séquence ait pu passer. Et pourtant, Albator a subit des censures dans cette série. Mais là, c'est passé comme une lettre à la poste! Peut-être que cela venait uniquement du fait qu'on ne voyait pas de sang. Pourtant, la violence psychologique peut être bien plus bouleversante qu'une tête qui explose. Là, on est en plein dedans.
Et à peine remis de cette séquence, on remet ça avec la mort de la sylvidre, tout aussi brutale, suivie de son cri de mort et de sa combustion spontanée désormais cultes. Tout en moins de 3mn! Il y a de quoi vous marquer, ce fut mon cas. Il y a de quoi vous traumatiser, ce ne fut pas mon cas. Mais je pense que mon engouement par la suite pour Albator vint de cette scène qui me stupéfia du haut de mes 7 ans.

Le temps passa et les croisades anti-violence à la télé s'en prirent... "violemment" aux dessins animés japonais. Ken le survivant servit de bouc-émissaire. Et à chaque fois que j'entendais les associations des familles (souvent des machins à tendance chrétienne, ce qui est encore plus drôle quand on sait la violence que l'on peut trouver dans la Bible...) hurler devant Ken ou tout autre animation nippone, je me rappelais de suite cette scène dans Albator et je me disais, d'une part, que j'étais vraiment né à la bonne époque et de l'autre, que ces gens-là n'avaient rien vu du tout.

11 commentaires:

  1. bonsoir,

    pour moi c'est "Ken le survivant" qui m'a marquer,et comme tu dit ca m'a pas traumatiser mais au contraire ca ma plu ... je suis toujour faciner par ce genre de scéne, comment on avait pu imaginé ce genre de scéne c'est incroyable ... c'est drole quand j'etait petit la periode anti animés japonais m'avais enervé a l'epoque je detesté quand on diabolisé mes animés preferé ... moi perso j'aime bien ce genre de violence ... j'aime pas la violence style UFC ou la reality violence ... mais ce genre de scéne esthétique j'adore ...

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  2. Beaucoup de critiques contre les dessins animés japonais pourtant la violence à la télévision qui m'a marqué venait plutôt de films (ou téléfilms) français diffusés en plein après midi. Un père qui descend toute sa famille à la carabine (bébé qui explose sous le tir et sous les yeux de la mère...) et fini par se suicider en se faisant exploser la tronche. Le genre de scène auquel je pense encore aujourd'hui plus de 30 ans après. Une autre violence qui m'a marqué c'est celle des versions française des comics américains (Strange et autres) ou, par exemple, un épisode de DareDevil ou 2 flics se font descendre et vue plongeante sur les cadavres avec des indications genre "il avait 2 enfants.." !! Les comics étaient à une certaine image de l'Amérique des seventies, un peu glauque.. surtout pour un gamin :)

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  3. @Fastbear
    Et encore les comics Lug étaient salement censurés! J'ai pu m'en rendre compte en lisant les vo. Des pages entières étaient supprimées, des vignettes recollées, dialogues réécrits etc.

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  4. Hallucinant!
    Je me souviens du petit garçon de neuf ans que j'étais, tout seul sur le canapé familial, dans la pénombre du salon d'un soir d'hiver, se prenant ces images dans la gueule sans que personne ne puisse lui expliquer...
    Sans en être traumatisé, ses images m'ont profondément marquées à l'époque et m'ont poursuivie longtemps.
    En ai souvent discuté mais personne ne se souvenait de cette scène...

    Ce n'est peut-être pas étonnant que je suive ce site :-)

    traumatisme de la génération Goldorak

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  5. L'erreur vient davantage d'un programme pas forcément si approprié que çà au public pour lequel il avait été acheté (vous parlez de Ken, soit c'était violent... C'était aussi résolument destiné aux ados à sa création et il est inconcevable que Azoulay l'ait acheté à l'époque pour une tranche horaire enfants). Pour ce qui est de la violence de Albator et notamment cette scène, elle est très forte et porteuse de sens. Loin de la violence gratuite d'autres programmes et même DA, ici la mort est certes esthétisée, mais mise en scène de sorte à ne pas être banalisée : c'est sale, c'est effrayant et c'est douloureux. Beaucoup plus porteur de sens que des gars qui se font décaniller à la douzaine dans les productions américaines (par exemple).
    Dans Albator 84, Harlock fait preuve de beaucoup de violence également. Je me souviens d'un indicateur sur une planète qui le trahit et le livre aux humanoïdes. Découvert, il supplie à genoux le capitaine de l'épargner. Ce dernier le regarde de son seul œil... et lui colle un pruneau entre les deux yeux. Il rigole pas Albator!

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  6. J'étais un fan d'Albator, je le suis toujours quelque part. Le scénario profond, le héro torturé dans un monde noir et sale, mais qui mets en avant les valeurs d'honneur, de courage et de résistance à l'oppression... Oui, j'ai été marqué par mon héro meneur de rébellion armée. J'ai acheté la série "78" en DVD, j'ai ainsi pu voir la fin (doublée à l'arrache, elle n'était pas passée en France) et surtout revoir la série avec des yeux d'adultes. Le fait est que si certains passages peuvent sembler un peu mièvres la série est toujours aussi porteuse de sens.

    A côté Goldorak et surtout Capitaine Flam souffrent méchamment. Le pauvre Capitaine, j'arrive même pas à regarder un épisode jusqu'au bout tellement ça a mal vieilli et c'est vide du moindre sens...

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    1. Pas d'accord, je trouve que Flam reste une excellente série de SF, avec des scénarios "retro" mais pas "ringards"! :)

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  7. Plus que les scènes comme celle-ci, ce qui me faisait vraiment peur à la TV, c'était Joe L'Indien. Terrorisant.

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    1. Tiens, un p'tit cadeau:

      http://www.casimages.com/img.php?i=120212065857297508.jpg

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  8. Ho oui exactement ! Bien joué SM, c'est la scène la plus effrayante du personnage, durant le procès...

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