dimanche 26 juin 2011

VITRINES DETOLF - NE ME KIT PAS - MONTAGE ET DEMONTAGE EN REGLE

Les Français sont des connards. J’entends ici par l’expression : « les Français » une certaine catégorie de gens, à savoir mes amis possédant une voiture. Cette histoire est la conséquence d’un peu plus de 6 mois de recherche d’un taxi.
Tout commença par un constat pathétique. L’évidence me sauta aux yeux dès le mois de décembre 2010. Avec toutes ces nouvelles pièces reçues dernièrement, dont beaucoup de taille assez importante, il me fallait une nouvelle vitrine. La troisième. Et oui. Je me revois fustigeant au début de ce blog les collectionneurs tarés évoluant dans une maison-musée… Je me revois aussi en 2010, lors de la réception de ma seconde, exténué de l’avoir montée chez moi à bout de bras (on n’imagine pas la peine que sont huit marches d’escalier à monter avec un fardeau de 45kg sans prise…), et que cette fois-ci, je n’en aurais plus jamais besoin d’autre. Tu parles…
J’ai tenu pendant cinq ans avec une seule vitrine et même pas six mois avec la seconde. Le problème est le même avec les prisons. Plus on en construit, et plus on les remplit, et plus il en faut de nouvelles pour éviter la surpopulation.

J’habite Clichy dans le 92, c’est ma ville depuis tout gosse et j’ai toujours vécu à côté d’une station de métro, Mairie de Clichy, ligne 13, la bien-nommée, qui est un enfer pour beaucoup alors qu’elle a toujours été le chemin menant au paradis pour moi. Quand on a cette chance à moins de 500m de chez soi, à quoi bon avoir une voiture ? Mes parents n’en avaient pas, même pas de permis, j’ai suivi cette voie. Je n’ai pas été élevé dans le culte de la voiture. Je me rappelle de ma voisine de palier, ma complice de jeux pendant près de 20 ans, et dont les parents changeaient de caisse tous les deux ans, toujours très tape-à-l’œil. Ça en jetait sur le parking en bas de l’HLM. Bon, évidemment, ils se faisaient cambrioler deux fois par an en moyenne à cause de ça et bouffaient des cannellonis en boîte toute l’année… Elle me l’avait dit un jour :

- On mange mieux chez toi que chez moi !

Ben oui, quand le salaire passe dans le remboursement des crédits afin de soigner son ego, faut pas s’étonner de manger du Canigou.
Donc, pas de voiture chez moi. Hélas, il arrive en moyenne qu’une fois ou deux par an, j’en ai besoin d’une. Pour ramener un truc volumineux le plus souvent, plus rarement pour me driver quelque part. Ici, c’était le coup du truc volumineux. Il me fallait aller à Ikea et ramener une vitrine parce que, naturellement, le magasin ne livre pas cet article. Ben voyons !
J’ai beau être collectionneur, je ne suis pas seul dans la vie. J’ai du monde autour de moi. Et pas mal ont des voitures. Ni une ni deux, je m’en allais leur demander de jouer les taxis moyennant finance évidemment car le bénévolat, ça n’existe pas de nos jours.
L’idée était simple : je proposais entre 20 et 30€ selon la distance pour me conduire à un Ikea quelconque, j’achetais ma vitrine, on repartait et on me déposait devant chez moi. Temps estimé de l’opération : deux heures en gros, allée et retour compris. Pas de quoi fouetter un chat.
Alors j’ai commencé à faire le tour de mes connaissances proches, puis moins proches, des gens que je n’avais plus recontacté depuis longtemps, quelques ex aussi, avec qui j’étais resté en bons termes (y’en a !) et enfin, les connaissances des connaissances. Le fameux « ami d’un ami d’un ami d'un ami ». Ça a duré comme ça pendant quatre mois.
Résultat : rien !
Pas un pour me filer un coup de patte ! Pire encore, j’eus droit à un florilège d’excuses : voiture au garage, très occupé en ce moment, un peu malade ces derniers temps, blablabla…
Je ne dis pas que ces prétextes étaient tous faux mais quand vous avez quelqu’un qui vous dit être overbooké, vous ne vous attendez pas à le voir sur MSN tous les jours de la semaine et même le ouikène ! C’est être très occupé ça ? Non, c’est juste de la mauvaise volonté. Une autre me fit le coup du mal de dos, elle ne pouvait rester assise bien longtemps, et donc conduire était une corvée. Par contre, elle partait pour les USA 15 jours après. Là, rester assise dans l’avion pendant plusieurs heures, pas de problème !
Quand les gens vous disent qu’ils n’ont pas le temps, comprenez plutôt qu’ils n’ont pas envie. Ils pouvaient me le dire en face que ça les faisait chier ou qu’ils ne voulaient pas m’aider, je suis un grand garçon. Lorsque des toubibs vous convoquent pour vous dire que votre père est condamné par la maladie, vous pouvez ensuite tout encaisser. Je crois que c’est surtout ça que je leur reproche : leur manque de franchise.

Nous sommes en France, un pays dominé par le culte de la bagnole. Depuis les années 60, le crédo est :

- Quand la voiture va bien, la France va bien !

Tout le monde (ou presque) en a une ou économise pour s’en payer une mais personne ne veut la sortir. C’est tellement mieux de la laisser dans son garage, comme une valeur-refuge, la flasher sous toutes les coutures pour mettre les clichés sur le Net ou tout simplement l’astiquer tous les ouikènes. J’ai ça en bas de chez moi. Avec les beaux jours là, c’est revenu ça. Chaque samedi et dimanche, dès 08h du matin, certains sont en train de bichonner leur veau. Eponge, bassine pleine d’eau savonneuse, Vitrex et, comble du ridicule et de la beaufitude, on fait descendre une rallonge électrique de la fenêtre de chez soi pour y brancher le mini aspirateur afin de le passer entre les sièges... Finalement, on peut faire un parallèle avec certains collectionneurs de statues qui ne les sortent jamais de leur boîte. D’autres, ne sortent pas leur voiture du garage non plus et se contentent de la regarder briller.

Malgré tout ça, je continuais mes recherches. En vain. Le mois de juin fut la goutte d’eau qui fit déborder l’océan. Une de mes copines s’était finalement proposée. Elle n’avait pas de voiture mais son permis. On irait donc en louer une et voilà. Ça ne serait pas bon marché, c’est clair, mais j’en étais arrivé à un point où j’étais prêt à tout. En fait, ce n’était plus tellement pour les vitrines mais plus pour l’orgueil. Quand je veux quelque chose, je le veux là, tout de suite ! Et ça n’arrivait pas. Toute cette frustration accumulée me pesait. Il fallait que je me libère, comme un prisonnier trop longtemps resté enfermé. De plus, avec ce temps de perdu, ce n'était plus "une" vitrine qu'il me fallait, mais deux. On met l'overdrive!
J’étais plutôt content de résoudre enfin ce problème de caisse. Et puis aller à Ikea avec elle serait très certainement une source d’amusement. Etant plutôt exubérante, et moi insortable, ça nous promettait un beau moment de foutage de merde dans ce magasin, à nous moquer des clients ou essayer les meubles en direct-live. Hélas, le facteur X a frappé. La bonne copine a eu des problèmes dans sa vie, je ne sais lesquels. Boulot ? Mec ? Toujours est-il qu’elle m’a planté. Elle n’avait « plus envie de me rendre ce service ». Texto. Je ne suis pas responsable de ses problèmes, pourquoi me faire payer ça ? Je revenais à la case départ sans toucher la prime… Le mot « ami » dans la vie réelle semble désormais avoir le même sens que celui sur Facebook
Je me demandais quel dieu j’avais offensé pour être aussi poisseux. Avais-je pissé contre un totem récemment ? Non je ne crois pas. Toutes ces contrariétés et autres obstacles à la chaîne m’ont rendu fou de rage !
Alors vous allez me dire :

- T’as fait comment pour aller chercher cette vitrine ? A dos d’âne ? A pieds ?

Ne riez pas car lorsque je suis dans cet état, je suis capable de le faire, quitte à me bousiller physiquement. Vingt ans plus tôt, je l’aurais sans doute fait mais je deviens sage avec le temps. Toujours aussi nerveux mais sage. J’ai donc tout misé sur le site de covoiturage d’Ikea. Je l’avais déjà checké distraitement voilà quelques mois mais il y avait beaucoup plus de demandes que d’offres. J’avais lu également des annonces assez bizarres, comme des gens qui se proposaient pour vous ramener mais sans meubles. A quoi ça sert ?
Epluchant à coups de recherche avancée, je tombais sur une annonce presque trop belle pour être vraie. Une nana se proposait de ramener n’importe qui sortant du Ikea Roissy et pour une poignée de clous. Bossant juste à côté, c’était facile pour elle de passer devant le magasin suédois en sortant du boulot, embarquer l’auto-stoppeur et son meuble, puis direction la capitale et sa civilisation. De plus, son prix demandé était dérisoire. Je la contactais de suite et elle me signifia qu’il n’y avait pas de problème. J’avais trouvé mon taxi ! Hélas, les dieux continuèrent de s’acharner sur moi avec un plaisir sadique. Après la voiture, ce fut au tour de la vitrine en elle-même de me poser des ennuis. Le Ikea Roissy eut de gros problèmes d’approvisionnement de Detolf pendant 15 jours. On sait tous que l’enseigne retira ce meuble de tous ses magasins de France dès le mois de mai à cause d’un défaut (voir ici) et qu’il était en expertise pour vérification. Ça peut-être long ce genre de machin… Plus d’un mois après, les vitrines étaient revenues. Mais à Roissy, elles sont venues à pied. Pendant près de 15 jours, la première chose que je regardais le matin après avoir allumé mon PC était ça. C’était pathétique. Les dieux s’amusaient en faisant souffler le chaud et le froid. Parfois les stocks étaient annoncés pour le lendemain et le dit lendemain, plus rien. Allez-y messieurs les divins, riez, riez… Pire encore, elles étaient disponibles dans les autres Ikea parisiens avec des stocks insolents !
Quant enfin, le miracle ! La semaine du 20 juin fut la bonne. Des stocks, c’était bon ! Il n’y avait plus qu’à trouver le jour. Le lundi n’était pas possible pour ma taxi girl. Le mardi, c’était la fête de la musique… Le RDV fut pris pour mercredi 22 !

Direction Roissy. En bus. Je pouvais y aller en RER mais mon agression en 1998 par de sympathiques « victimes de la société » me pèse encore et j’ai du mal à reprendre ce moyen de locomotion depuis. Syndrome post traumatique. Donc, métro et surtout bus. Trois lignes différentes. 255 + 11 + 23. C’était sport.
Je suis passé par des bleds sordides. Je connais pourtant très bien la grande banlieue parisienne. Lors de ma vie « dissolue », je l’ai très souvent traversée de long en large pour y laisser des traces d’ADN… Mais là, c’était vraiment moche. Ma femme se plaint toujours quand elle vient me voir en me disant que Clichy c’est pourri. Certes, c’est pas la crème mais à côté des endroits que j’ai entrevu lors de cette excursion, c’est Versailles ! J’ai vu Stains, Goussainville, Garges-Lès-Gonesse, Gonesse… Je sais qu’il faut bien vivre quelque part et qu’on n’a pas toujours le choix mais là franchement… On dirait des villes à l’abandon. Tout est plat, tassé. Des terrains vagues avec des bicoques merdiques dessus, des panneaux énormes et sinistres pour de la bouffe halal partout. Les gens aussi semblent désespérés. Pas d’espoir. En espérant que ces trous aient des coins un peu plus souriants que ce que j’ai vu quand même…
Bref ! Je n’étais pas là pour faire du tourisme de toute façon et je suis finalement arrivé à destination. Ikea. En 2005, c’était celui de Franconville. Celui d’Evry en 2010. Là, c’est Roissy. Différence ? Aucune ! On a l’impression que c’est le même magasin mais transporté ailleurs. Et d’ailleurs, c’est le même magasin. Standardisation maximale.

J’avais rencard avec ma taxi girl à 18h30. Une rapide demande horaire au premier horodateur sur pattes venu m’informa que j’avais 30mn d’avance. C’est aussi bien. Je déteste être à la bourre et je déteste encore plus les gens en retard. Y’a des spécialistes de ça. Bon, et bien, il n’y avait plus qu’à attendre.
Je marche, je tourne, je regarde par-ci, je mate par-là. On regarde les avions passer aussi, y’a du choix vu que l’aéroport est juste à côté. Au bout de 10mn, j’en avais déjà marre. Une idée lumineuse me vint afin de m’occuper. Allons vérifier dans le magasin si les stocks de vitrines étaient bel et bien approvisionnés. Parce que ça aussi, c’était encore une inconnue. Peut-être qu’il y avait une horde de collectionneurs en attente également de vitrines et qu’ils ont déjà tout acheté le matin même… J’entre, je repère un peu les lieux, je vois des caisses, c’est derrière les réserves. Hop ! Direction l’allée 1 place 37. J’arrive. Y’a du stock ! Je tapote dessus comme pour dire :

- Tu restes là hein ? Tu m’attends !

Je me sens déjà mieux. Tout est presque en place. Maintenant, il ne reste plus qu’à espérer qu’on ne me pose pas un lapin. C’était ma hantise.
Je me dirige vers la sortie, je passe devant un Black avec un large carnet dans les mains. Il m’interpelle :

- Monsieur ?

Je le regarde de bas en haut.

- Moui ?

Il semble nerveux, comme s’il voulait me dire quelque chose ou attendait une réponse de moi.

- Vous venez de, euh…

Je me dis que c’est un surveillant, qu’il a dû me voir entrer puis ressortir à l’instant, les mains vides, et que ça l’intrigue. N’oublions pas que nous avons eu des explosions à Ikea ces dernières semaines. La surveillance a sans doute été accrue. Je lui explique rapidement que j’attends quelqu’un et que je suis juste allé vérifier les stocks de ce que je compte acheter en attendant. Simple. Il me regarde encore avec méfiance et me répond :

- Ah bon. Mais euh… Enfin, vous…

Commence à me faire chier le bègue là ! Et là, il me sort la phrase la plus humiliante que j’ai entendue depuis longtemps :

- Non mais je vous avais pris pour un livreur !

J’ai écarquillé les yeux et j’ai dû faire une drôle de gueule car il s’est de suite ravisé en me disant :

- Excusez-moi mais euh… On en attend, vous comprenez.

Je le prends à témoin de ma tenue, veste noire, lunettes noires, jeans, ils sont habillés comme ça les livreurs ? Qu’on me prenne pour un loufiat, je veux bien, et puis ça ne m’aurait pas dérangé. Mon père en était un et je l’ai été quelques années. Mais un livreur, non. Fry, c’est pas moi. Il continue de s’excuser platement en essayant de rire un peu pour détendre l’atmosphère. Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? Peut-être avait-il peur que j’aille me plaindre à son supérieur ? Dans ces boîtes là, on rampe devant le client et le moindre problème est étouffé dans l’œuf en lui donnant raison afin d’éviter le scandale. Un pote m’avait raconté qu’à Disneyland Paris, il avait assisté à une scène où une mère de famille s’était cassée la gueule dans un escalier. Elle avait loupé la marche en sortant d’une boutique et s’était vautrée. Rien de grave et ça arrive à tout le monde. A peine relevée, des mecs du staff de sécurité s’étaient ramenés, avaient encadré la nana et sa famille, en lui demandant si tout allait bien et surtout si elle envisageait de porter plainte, que ce serait idiot, qu’ils s’excusaient, qu’ils allaient faire le maximum pour encore améliorer la sécurité blablabla… Et de suite, ils lui ont collé plusieurs billets d’avion pour un séjour tous frais payés à Disneyland Floride aux USA. Tout ça pour une chute sans grande gravité. C’est résolu à l’américaine. Ils ont tellement peur des procès qu’ils cherchent à les éviter et préfèrent acheter les gens. On leur fait signer une décharge ensuite et hop ! Qu’est-ce que quelques billets d’avion, même en première classe, pour une boîte comme Disney en plus? En y réfléchissant, j’aurais dû faire la même chose avec mon black sans tact en racontant qu’il m’avait humilié, que c’était à cause de ma couleur de peau etc. Peut-être que j’aurais reçu le même traitement ? Un billet d’avion pour aller acheter mes vitrines en Suède par exemple ? Hum… C’est déjà une galère à ramener de Roissy à Clichy alors Stockholm… Je l’ai largué vite fait, le laissant à sa cuistrerie, et suis ressorti dehors, plutôt vexé.

Retour au parking des pas perdus. Je tourne, je tourne, je tourne… C’est chiant d’attendre comme ça. Le baladeur m’agace plus qu’autre chose, j’écoute même pas ce qu’il me balance dans les tympans. Je le coupe. Quelques minutes plus tard, quelqu’un me hèle à une dizaine de mètres. Une jeune femme sortant d’une voiture me demande :

- Vous attendez quelqu’un ?

Je ne savais pas que ça draguait à Ikea… Et puis mon neurone se remet à bouger et je me souviens pourquoi je suis ici finalement. Je réponds :

- Oui.

Elle :

- C’est quoi son prénom ?

C’est Questions Pour Un Champion son truc… Je réponds, espérant une boîte de jeu :

- Daniela.

Et là, j’ai droit en guise de réponse un gazouillant :

- C’est moi !!

Enfin ! Ma taxi girl est là ! Je respire mieux. On discute, le courant passe bien. Elle s’étonne de ne pas me voir avec mes meubles sous le bras. Je réplique que j’ai joué la prudence. Si elle n’était pas venue, je rentrais comment avec mes deux vitrines sous le bras ? Je les achèterai mais quand elle sera là. Bon, alors allons-y, ne perdons pas de temps !
On décide de se tutoyer, plus simple. On entre dans le magasin. Je repasse devant le black mal élevé de tout à l’heure et je le regarde assez vertement… Il est dans ses petits souliers, ça se sent. On pique un chariot pendant le court trajet et on retourne vers l’allée 1 place 37. Les vitrines sont toujours là. J’en prends deux. Putain ce que c’est lourd ! Daniela me demande le pourquoi de ces vitrines. Je m’attendais à cette question embarrassante. Je lui dis que c’est pour exposer des robots japonais. Un sourire amusé mais quand même largement surpris se dessine sur son visage. Elle réplique qu’elle voudra voir des photos après. Ah les femmes et leur curiosité maladive…
Allez, on se casse, direction les caisses ! Elles sont pleines. Même en semaine. C’est dingue. Et c'est soi-disant la crise... On attend, on attend, ça n’avance pas. Un gamin devant nous, lassé lui aussi, s’assoit sur mes vitrines. Non mais oh ! C’est pas un siège ! Ah les gosses de nos jours, je vous jure… Daniela s’impatiente. Elle a un RDV juste après. Elle me propose la caisse automatique. Elle paie en carte et je rembourse avec mon cash. Ça marche ! Un coup de scan, la carte insérée, le code, le ticket, terminé. 3mn. Je sors mon blé et je lui file tout avec son bonus transport. Comme prévu. 10€. Un pourboire ! Quand je pense ce que ça m'aurait coûté de louer une voiture... Ce n’était pas pour l’argent qu’elle le faisait mais juste pour rendre service. Cette nana est une sainte. D’ailleurs, je lui ai dit. Flattée, elle répliqua qu’elle péchait quand même pas mal à côté, aha !
On sort. Direction, sa voiture. Quelques aménagements intérieurs sont nécessaires. Deux sièges sont rabattus à l'arrière, un appuie-tête également. On jette quasiment les vitrines dedans et en avant. On se retrouve coincés dans les bouchons de l’A1. Le salon du Bourget qui bat son plein en ce moment pour les professionnels ne nous aide pas là-dessus, sans parler du concert des Black Eyed Pea au Stade de France le même jour. On fait du cul à cul, c’est pénible. Je ne suis pas habitué à tout ça, je prends la voiture moins de cinq fois par an alors vous imaginez… Je trouve tous ces gens dingues avec leur bagnole. Beaucoup sont des dangers publics.
N’étant pas habituée à ma ville, ma « chauffeuse » s’est perdue dans les méandres de la banlieue du 92. On a tourné un peu en rond. Finalement, on retrouve le chemin grâce à cette bonne vieille Seine. Impossible de la louper. St-Ouen puis Clichy. On y est mais c’est une grande ville. C’est à moi de jouer les GPS. Je regarde à droite et à gauche, histoire de me repérer. Je connais ce coin, je l’ai déjà vu oui… Et puis la lumière fut ! Ce phare fut le LIDL à côté de chez moi ! Là où je vais faire mes courses de pauvre. On est donc juste à côté de chez moi. Parfait ! Je dirige la belle. Un coup à droite, un coup à gauche, tout droit ! STOP ! On est chez moi ! Il est 20h15 en gros.

Dernière phase de l'expédition et le plus dur s’annonce. Sortir les vitrines et les amener jusque sur mon palier. Sentant que ça serait trop long pour elle d’attendre que je le fasse seul, Daniela me file un coup de main. Ça va déjà plus vite. Une par une, les longues boîtes en carton sont transportées en bas de mon ascenseur. Je me débrouillerai pour le reste. Allez, je t’ai assez retardée comme ça, tu peux te sauver, et merci encore.
L’ascenseur fonctionne. Ça aussi, ça aurait pu être un sacré tour de cochon. 8 étages à pieds avec 90kg, non, là j’abdiquais. Je mets les deux fardeaux dans la cage et j’enclenche le bouton 7. BZZZZZ. J’arrive à mon étage. Je sors en crabe les deux vitrines une par une et je les pose sur le coin. Le plus dur reste à faire. Les huit dernières marches à monter pour accéder à ma porte. Faut pas compter sur mes voisins, ce sont soit des vieillards ou de parfaits connards. Je le ferai tout seul. Je pose à plat sur les marches la première vitrine. Je coince la « proue » de la vitrine dans un coin d’escalier puis je la lève par le bas. La technique primitive par excellence. Que c’est dur ! Après, faut la faire basculer sur les marches supérieures. En douceur ! Les panneaux de verre sont solides mais ne résisteront pas à une chute brutale. J’essaie d’amortir le poids au maximum mais je ne peux échapper à un atterrissage pas trop en douceur d’une dizaine de centimètres. BONG ! Pas de bruit de casse, ça devrait aller. Je recommence ma technique de levier pour la dernière fois pour cette vitrine. Argh ! Des flashes me vinrent. Je me disais quelle galère ça devait être pour des meurtriers que de transporter des corps. Encore un effort. Ça y est. Je suis sur mon palier. J’ouvre ma porte, j’y entre la première vitrine. Je me désape un peu, j’enlève ma veste et ma casquette. C’est peut-être ça qui m’a donné l’air d’un livreur ! Connard !
Au tour de la seconde. Même procédé, même peine. Cette fois, je pense aux esclaves hébreux qui construisirent des pyramides pour Yul Brynner.
Ça y est ! C’est fini ! Je suis chez moi, je ferme la porte, j’ai mes deux vitrines ! Mission accomplie ! J’ai mal partout, bras et jambes surtout, je sue comme un porc, j’ai le bras gauche tout tremblant mais je suis heureux.

Merci à toi Daniela pour ton aide. Tu t’es montrée bien plus digne de ma confiance que beaucoup de mes amis, mes « chers amis »… Je ne suis pas naïf, j’ai reçu la plus belle leçon de ma vie sur l’amitié lorsque j’avais 13 ans. C’est comme les oreillons ça, le plus tôt est le mieux. Plus tard, les conséquences peuvent être terribles. Mais quand même, ça fait toujours mal au cœur de voir que personne de votre connaissance n’a envie de vous aider quand vous en avez besoin. Et même contre du blé ! Parce qu’il n’y aurait rien au bout, ça se comprendrait encore plus facilement. Mais là, je pouvais monter jusqu’à 30€ ! Le litre d’essence a beau être assez haut, ça couvre largement la chose et y’a même du bénéfice. Ben non. J’en prends bonne note.
La copine qui m’a brutalement lâché en juin m’avait dit, alors que je lui demandais quelques mois plus tôt si elle ne connaissait pas quelqu’un qui pourrait me rendre ce service :

- Pouarh ! Laisse tomber ! J’ai eu le même problème lorsque j’ai déménagé ! Personne ne m’a aidé ! Ils ne veulent pas abimer leur précieuse caisse ! Il a fallu que je ne compte que sur moi-même ! Après l’emménagement, j’ai fait un gros ménage dans ma liste de soi-disant « amis » !

Et bien ma chère, je m’en vais faire de même ! Et tu es dedans ! Puisqu’on ne peut compter sur personne dans cette vie et que, même avec un peu de blé au bout, on vous laisse dans votre coin, et bien, adios les cons ! Ma femme m’a encore dit cette semaine que je finirai ma vie seul. Au moins, on n’est pas déçu. Et puis tant que tu es là ma belle, je ne suis pas seul.

Après le démontage des amis, voici le montage de la vitrine. Le pdf du mode d'emploi est disponible ici pour ceux qui préfèrent.

Vous avez déjà vu la gueule de l'emballage ici. Une fois désapée de sa robe en carton, voilà la vitrine en elle-même. Les gens détestent le kit, ils ne se sentent pas capables de le faire. Ça montre la haute opinion qu'ils ont d'eux-mêmes... Moi j'adore ça! Alors, à gauche, encore ensachées, les armatures métalliques, à droite l'un des panneaux de verre (y'en a trois autres mais j'avais pas encore tout déballé quand j'ai fait cette photo), les longues tiges de plastiques qui serviront de jointure à ces mêmes panneaux de verre, mon radiateur mais lui on s'en fout, et au sol, le socle et le "chapeau" en bois, les tablettes en verre dans leur carton et les vis, capuchons et autres petits accessoires. Au boulot!

Pour commencer, fixez les armatures métalliques au socle. Pensez à mettre ces armatures dans le bon sens, à savoir les reposoirs en dedans et non vers l'extérieur. Lors du montage de ma première vitrine en 2005, j'ai pas fait gaffe et l'une d'elle était de l'autre côté. Il a fallu tout défaire...

La clé BTR est fournie bien évidemment pour visser le tout. Serrez bien.

Une fois les armatures fixées des deux côtés, montez les pieds sur le socle. Non pas dans les grands trous les vis mais les petits, sur les côtés.

Serrez bien là aussi.

Mettez tout ça debout. Les armatures se balancent...

Insérez le panneau du fond dans sa rainure. Si vous êtes seul, aidez-vous d'un mur pour la faire tenir. Ce panneau est simple à reconnaître, il comporte un sticker. Perso, je met ce panneau tête en bas (aucune incidence sur le montage) parce que ce sticker me gênerait si je le voyais en haut. Une fois en place, assemblez de chaque côté du panneau les tiges de plastique. Attention, il y a un sens à respecter pour ces tiges.

Assemblez les deux panneaux de côtés en les insérant en biseau dans les rainures du socle puis dans la fente de la tige en plastique. A propos des panneaux de verre, repérez bien leur taille dès le début. Les deux plus larges sont ceux qui serviront de fond et de porte. Les deux autres moins larges sont les côtés de la vitrine. Si vous confondez ces panneaux entre eux, vous ne pourrez les assembler aux tiges et vous pesterez contre le monde entier comme je l'ai fait en 2005... Poussez bien les panneaux entre eux une fois fixés afin de bien les faire entrer dans la tige. S'il y en a un plus haut que l'autre, c'est que ce n'est pas bien assemblé.

Prenez le "chapeau", mettez-y les deux capuchons dans le trou recto-verso si vous n'avez pas acheté les éclairages allant avec.

Coiffez la vitrine avec ce "chapeau" en respectant bien les trous pour les armatures et les rainures pour les panneaux de verre. Ça rentre tout seul.

Passons à la porte. Mettez un cabochon en plastique noir dans le trou. Préparez le gond en y mettant déjà les petites vis dedans mais sans trop les rentrer. Préparez la même chose avec celle du haut. Comme vous ne pourrez la laisser dedans pour cette dernière, vous pouvez déjà la fixer sur la porte directement.

Sortez les tirettes. Décollez le truc autocollant sur les mousses et fixez les en haut et en bas de la porte du côté où vous l'ouvrirez puis revêtez-les de leur tirette métallique. Même chose pour les deux petites plaques de métal autocollantes qui serviront à ne pas visser directement les gonds sur le verre, ce qui risquerait de le faire éclater.

Et voilà. Installer la porte seule peut être problématique mais bon, si j'y suis arrivé, vous pouvez le faire. L'idéal est un qui soulève la porte et l'autre qui guide et referme les gonds dessus. Je m'aidais de mon pied pour ça, c'était sport...

Prenez un tabouret si vous mesurez moins d'1m80, montez dessus et fixez les vis des armatures dans les trous du "chapeau". Encore une fois, serrez bien.

Mettez les petits machins de plastique sur les étagères. C'est ça que je vous disais plus haut, ces tiges doivent se faire face dans la vitrine. Si elles sont côté extérieur, vous ne pourrez pas mettre la tablette dessus.

Posez une tablette de verre dessus. La même opération à refaire trois fois. Ikea garantie une résistance de 7kg pour chaque tablette. Perso, je commence à m'inquiéter lorsque ça dépasse 5kg. J'ai vu des photos de particuliers mettant des poids de folie dessus.

Et voilà, quatre vitrines chez moi. J'ai mis une heure pour monter la première et 15mn pour la seconde. Le temps que je m'échauffe et me rappelle des étapes dans l'ordre quoi... Ma femme a hurlé en voyant cette photo en disant que je ressemblais à ces tarés que je critiquais encore l'an dernier. Je plaide coupable chérie... J'ai gardé ma biblio crasseuse, pour y mettre mes géants de 50cm de haut. De toute façon, je compte la virer pour la remplacer par une neuve. Ou une autre vitrine? Argh... Prochainement, ces quatre vitrines pleines de saloperies en plastique violemment coloré!

12 commentaires:

  1. Belle histoire, j'en ai 5 de Detolf pour ma collection et aller en chercher une 6ième bientôt, mon amie est entrain de pêter un cable...

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  2. On craint quand même... On fait honte à nos femmes. Mais bon, elles ont combien de penderies ou de meubles à chaussures aussi? :)

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  3. C'est vrai que tu "crains" un peu .
    Deux plombes que tu gerbes sur les maladifs du bulbe ne pensant qu'a leur joujoux de plastique et t'en faire bannirou prendre des retour "virils" ,et toi tu plonges aussi avec kif dedans ..hummmm

    Bon sinon l'histoire que tu racontes est un vécu pour tous quand tu as besoin de potes , ne les appelles surtout pas !! On l'a tous vécu a un moment ou un autre .

    La prochaine fois lance un message sur les forums de foldingues ou ici et je suis sur que tu auras de suite des réponses favorables.

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  4. Ah putain, tu me ferais presque chialer... Quelle belle évocation de notre merveilleuse époque. Et en plus ça finit bien! ;)

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  5. Sans vouloir faire de régionalisme, sérieusement en galère comme tu l'as été aucun de mes amis ne m'aurait laissé comme ça, ça doit être "parisien" comme réaction...
    Quant-aux possesseurs de voitures, chacun son truc, après tout chacun ses passions, moi j'aime les robots, ma femmes kiffe les boules à neige, normal que certains trouvent une certaine sécurité dans l'achat d'une voiture. Qui sommes-nous pour juger, de notre point de vue c'est ridicule mais loin d'être incompréhensible.

    Enfin, content que ton histoire se termine bien et ton taxi prouve qu'il reste des gens serviables sur Terre, tout n'est pas perdu ;-)

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  6. Si tu prévois d'en acheter d'autres, IKEA propose des locations de camionnettes à l'heure (+/- 15€/h), regarde sur leur site . Si tu vas avec quelqu'un qui a le permis ça peut être intéressant ;)
    Bonne continuation !

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  7. Moi je dirais simplement que pas avoir son permis est FORCÉMENT un handicap. Que tu ne veuilles pas de voiture, ok, mais ne pas pouvoir conduire c'est vraiment se rendre dépendant des autres. Et je suis d'accord avec Loute, prendre la caisse à Paris est souvent une galère, donc les gens sont moins enclins à dépanner. Alors qu'en province, tu vis en caisse, t'as pas le choix. En gros, vends deux ou trois robots et passe ton permis... ;)

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  8. Il y a pire que les amis indispos, ils y a ceux qui insistent pour t'aider alors que tu n'as rien demandé et te laissent finalement en carafe alors que tu avais accepté avec reluctance et que finalement tu comptais sur eux.
    Détresse morale garantie.

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  9. @Loute
    Oui, c'est quelqu'un qui ne me connaissait pas du tout qui m'a aidé alors que les "bons amis", que je connais parfois depuis des années, m'ont lâché. Belle leçon!

    @David
    C'est ce que ma taxi girl m'a dit aussi oui. J'avais déjà regardé sur Ikea ce truc avant mais javais trouvé ça cher. J'ai peut-être mal calculé le trajet.

    @Alain
    Impossible de vendre mes robots! Je viens encore d'en commander cinq là, donc un SOC d'anthologie! :D

    @Anonyme
    Oui oui, ça aussi je connais bien! "Si t'as besoin de moi, n'hésite pas!" Et puis quand on leur demande, ils ont jamais le temps... Enfin, c'est pas grave, j'ai fait du ménage ce ouikène dans mon carnet d'adresse. C'est comme balancer de vieux machins qu'on ne veut plus chez soi, j'adore ça!

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  10. Tu oublies que tu devras fatalement retourner chez Ikea à ce rythme. Hâte de voir tes nouvelles trouvailles!

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  11. @Alain
    Ne t'emballe pas non plus, le SOC va te faire hurler. :)

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  12. Probablement l'article le plus marrant du blog. Mais je ne suis pas sûr que ce soit drôle là où l'auteur espérait que ça le soit ...

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