vendredi 13 avril 2012

LES YOYOS COCA COLA ROLLIN' RUSSEL

J’ai le souvenir de 1984 comme d’une année très ensoleillée. Une journée d’été durant 365 jours. C’est marrant les visions de l’esprit. Les souvenirs réels se mêlent à des situations plus ou moins imaginaires. Bon, il a dû faire beau un moment ou à un autre en 84, mais pas toute l’année quand même. Pourtant, je vois cette année comme une période avec beaucoup de lumière, du soleil, un léger vent soufflant et de la joie. Effet âge d’or sans doute. Au fur et à mesure que le temps passe et que l’on s’en éloigne, le doré de cette période brille de plus en plus. Une lumière lointaine. Comme lorsque l’on meurt !

L’année 84, c’était quand même pas mal. Bien emmené par de maxi daubes auditives, comme Break Machine et son Street Dance, puis par des émissions télé grotesques comme Hip Hop animée par Sydney, on dansait tous le smurf. Du moins on essayait… Toujours dans le sport à la télé, on se tapait les JO de Los Angeles. Dans le genre « matraquage publicitaire », c’était d’enfer puisque ce furent quasiment les premiers JO privés. Carl Lewis, Mike Tyson, le type en jet pack nous en mirent plein les yeux. Quelle belle vitrine ! L’Amérique triomphante, l’abondance matérielle, l’argent roi et facile, la modernité, la vulgarité. Tout pour plaire ! J’avais accroché au mur de ma chambre la plaque commémorative de ces JO reçue dans le Pif Gadget N°800. Un journal à moitié coco qui faisait de la pub pour des jeux américains que le bloc communiste boycottait, étrange…


Bref, en 1984 et jusqu’en 1985 inclus, les ex enfants que nous étions, et qui s’en allaient guilleret vers l’adolescence avec un grand sourire, ne réalisant pas que c’était le dernier quart avant l’âge adulte et ses responsabilités écrasantes, se devaient d’avoir un accessoire IN-DIS-PEN-SA-BLE dans leur poche. A vrai dire, il y en avait plusieurs à ce moment-là. Il y avait tout d’abord le « choubidou »… Ah mon dieu ! Rien que le nom déjà… Mettons de côté le 45 tours ronge-tête du même nom lancé par Annie Cordy qui, après le succès du kazou quelques années plus tôt, avait bien compris l’intérêt de capitaliser sur les modes éphémères débiles. Le choubidou, c’était un porte-clés consistant en un fil torsadé de plastique souple, comme le fil des anciens téléphones. On accrochait l’extrémité équipée d’un mousqueton à l’un des passants de notre froc et l’autre, qui retenait nos clés, était glissée dans la poche. On n’avait pas l’air con… C’était gros, moche, pas pratique et cela pouvait être fort douloureux vu que certains comiques les attrapaient, tiraient dessus puis les relâchaient. Le mouvement de retour vous brisait les testicouilles… J’avoue en avoir eu un de ces choubidous, ramené par mon père. Mais heureusement, sa couleur, bleu marine et verte, me déplut de suite et je ne m’en suis jamais servi.
Dans un domaine plus politique, le badge « Touche Pas A Mon Pote » était également de rigueur sur la plupart des blousons jeans, synthétiques et autres teddies. Pas chez moi en tout cas. Je ne voyais pas bien l’intérêt d’afficher le fait que j’étais contre le racisme. J’y voyais plutôt un moyen de se justifier chez certains qui, malgré leur badge, et parfois même plusieurs, continuaient de tenir des propos on ne peut plus équivoques…
Toutes ces merdes furent balayées par une nouvelle mode qui envahit les cours de récré à la vitesse d’une vérole au galop ! Les yoyos !

C’te avalanche ! C’était fou, presque du jour au lendemain, la classe, l’école, le monde était envahi par ces machins qui, pourtant, n’étaient pas jeunes. Là, la représentation était moderne. Exit le yoyo en bois de nos parents, vive le plastique ! Les déclinaisons de couleurs et de marques firent que beaucoup en achetèrent plusieurs. Je dis « de marques » car tous ces yoyos bénéficiaient d’un partenariat plus qu’efficace. En effet, sur chaque face était imprimée une marque de soda : Coca Cola évidemment, mais aussi Fanta et Sprite (deux boissons propriétés de Coca). On payait pour faire de la pub ! Desproges dénonçait déjà ça à la même époque, en parlant de ces cons gens qui s’achetaient des fringues avec une grosse marque barrée dessus. Là, c’était pareil. Et le pire est que, sans ces marques sur les yoyos, je suis sûr que ça se serait moins vendu ! C’est pathétique.

Ces yoyos griffés correspondaient à une gigantesque opération marketing de la part du soda qui rend obèse. Depuis 1982, Coca-Cola nous inondait littéralement en publicité et merchandising. Quiconque a connu cette époque se souvient de leurs mini bouteilles du monde entier mais surtout de cette campagne de pub associée aux JO, avec des objets de la marque à collectionner. Le principe était simple. Il fallait décoller sous la capsule de chaque bouteille une lamelle de caoutchouc blanc, la preuve d’achat, puis leur envoyer le nombre demandé, toujours astronomique, pour recevoir la connerie souhaitée. Quand vous faisiez le compte de bouteilles que vous aviez achetées pour ça, vous vous rendiez compte que vous aviez payé au moins 1000 fois ces merdes de pub. Comme le Club Des Maîtres De L’Univers !
Là, on évitait ça avec ces yoyos, directement accessibles à l'achat. Retour sur une mode passée.
C'était mon yoyo celui-ci. Design moderne, grande solidité et résistance. Je ne peux rien lui reprocher là-dessus. L'axe au milieu était en bois. Je me souviens encore des impacts qu'il avait sur les côtés à force d'être tombé. Je l'ai gardé longtemps après.

Les yoyos Coca Cola étaient déclinés en deux modèles: le "champion" et le "super". Mis à part les couleurs, rien ne les différenciaient vraiment. Certains inventaient qu'il y avait des différences de poids, de résistance ou de construction suivant ces modèles, souvent pour justifier leur choix et faire croire qu'ils avaient "LE" bon yoyo. Ah ces ados...

Pour remplacer les ficelles défaillantes, des sachets en contenant étaient vendus à part.

Comme je l'ai dit plus haut, les déclinaisons de couleurs et de marques ne manquaient pas et cela aiguisa les appétits des collectionneurs, surtout chez les filles chez qui le yoyo Coca ou Sprite de base plaisait déjà beaucoup. Alors imaginez lorsque celui à paillettes "galaxy" est sorti...

Une belle collection de yoyos du monde. L'un d'eux à droite a souffert. Le Sprite vert était celui d'un de mes pseudo amis prétentieux qui, naturellement, avait choisi le "professionnel"... Cela ne l'aida pas malheureusement à réaliser des figures. On voit ça plus bas.

Cette mode du yoyo fut mondiale En France, le choix fut relativement restreint question marques et déclinaisons de couleurs. Aux USA, ce fut l'avalanche, la preuve. Le nombre de marques était bien plus élevée également.

Un dépliant de quatre pages était disponible assez facilement chez les libraires et vous donnait différents conseils, et surtout des modèles de figures à réaliser avec votre yoyo, parce si c'était juste pour le faire monter et descendre sur votre doigt, c'était pas très excitant. Et comme on voyait à ce moment-là à la télé des tas de concours avec des petits prodiges qui faisaient des trucs hallucinants avec leur yoyo, on se disait tous que c'était enfantin! Exactement comme pour Rubik's Cube ou le skateboard! Hélas, le retour à la réalité allait être cruel...

Je n'ai JAMAIS réussi à réaliser une seule de ces figures. Et pourtant, croyez-moi, je me suis entraîné. Surtout celle de la "Promenade Du Chien". Ça semblait la moins fatigante... Le bide! Même la première, c'était pas simple. Le yoyo partait en vrille, la ficelle vous faisait chier et toujours cette maudite gravité... Ça n'allait jamais. Vous allez dire que j'étais une brêle, et vous n'aurez pas tort, seulement personne autour de moi n'y arrivait non plus. Alors soit nous étions tous des nazes, soit c'était beaucoup trop compliqué. Au choix.

Là, on était dans le domaine de la science-fiction totale avec des figures presque acrobatiques. Qui pouvait faire ça? J'ai soigneusement évité de tenter le coup après avoir vu un de mes potes se ramasser son yoyo en pleine gueule en voulant essayer le "Trèfle A Trois Feuilles". Il porta une trace de cocard sur la face pendant 15 jours, souvenir permanent et cuisant de son échec pour lui et assurance de bonne humeur pour nous. Devant la difficulté, on a tous rapidement largué la chose. On se contentait de collectionner ces yoyos flashy plutôt que de les utiliser. Le yoyo, c'était comme le bilboquet finalement: on essaye deux ou trois fois de réussir le coup, sans succès, et puis on comprend très vite que c'est impossible, énervant et surtout très chiant. Alors on laisse tomber.

Et pour stimuler les nouveaux acheteurs, quoi de mieux qu'un p'tit concours de derrière les fagots? Avec des cadeaux de folie à gagner! Un "micro-ordinateur" en 1984, c'était quoi? Un Vic-20? Un Oric? Un PC IBM de 30kg?

7 commentaires:

  1. Nan, ils etaient pas vendus dans un sachet plastique, mais sur un presentoir carton, toutes marques confondues (coca, sprite...). C'est les ficelles de rechange (2 francs le sachet de 3 je crois) qui l'etaient. Sur ta photo c'est un sachet de ficelles

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    1. Bizarre, j'ai le souvenir d'avoir eu ce yoyo avec ce sachet mais pas des ficelles. J'ai dû faire un mix. Je ne suis pas bien fin en plus vu que c'est marqué sur le sachet les ficelles... Je corrige, merci à toi.

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  2. J'ai encore mon Sprite Super (blanc à bords verts transparents), qu'on ne voit d'ailleurs sur aucune des photos ici.
    J'ai changé 2 fois la ficelle. J'en avais achetées d'avance à l'époque. Je m'en sers encore de temps en temps.
    Il marche toujours à merveille même si la dernière ficelle commence à jaunir un peu...

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    1. ON PEUT TE LES ACHETER

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    2. Moi aussi j aimerai pouvoir m en procurer mais on n en trouve plus ou difficilement.

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  3. Est gagner finale lorraine et ensuite était a Paris pour la finale nationale et tout frais payé par Coca..c était super que de bons souvenirs

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  4. Aimerai en trouver mais où?on en trouve plus c est bien dommage..

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