jeudi 14 juin 2012

SWAMP THING - HEROES OF THE DC UNIVERSE BRIGHTEST DAY BUST - DC DIRECT



Comme je l’avais déjà raconté pour le buste de Flash, mes vacances estivales de gosse étaient toujours synonyme de bouquins pour moi. J’en avais déjà toute l’année avec les Strange et compagnie mais là, il y avait un contexte de liberté et un nouvel environnement. Je me laissais aller à (me faire) acheter des choses que je n’aurais pas forcément prises le reste de l’année.
Août 1982. Pendant que mon père réunissait ses quotidiens et que ma mère raflait les derniers tabloïds people et autres têtes de nœud couronnées de la semaine, je fouinais dans les rayons de la librairie bretonne où nous avions l’habitude de nous rendre. Le libraire avait fini par nous reconnaître d’année en année et, vu le fric que nous lui laissions chaque mois, il en était venu à nous parler, ce qui est signe de respect chez les commerçants.
Probablement ayant déjà acheté toutes les revues Lug de ce mois-ci, je jetais mon dévolu sur un « pocket » de la collection Arédit/Artima, qui était une sorte d’éditeur fourre-tout pour fans de clowns costumés. Les héros DC et Marvel se croisaient dans de nombreuses revues et de bien plus belle qualité que Lug et parfois avec des noms différents. Par exemple, pour Ghost Rider, c’était « le motard fantôme » chez Arédit alors que Lug s’obstinait avec leur « cavalier fantôme ». Un cavalier sur une moto, hum…
J’achetais donc ce « pocket », c’était le N°3 de La Créature Du Marais intitulé : « La Dernière Des Sorcières ». Je ne savais absolument pas qui était cette « Créature Du Marais » mais la couverture avait dû me faire bonne impression. Un gamin de moins de 10 ans, ça marche uniquement à un joli dessin, même quand il ne l’est pas.
La lecture de ce bouquin me marqua. C’était la première fois que je lisais un truc comme ça. Ici, point de foireux en cape sauvant le monde 7j/7 afin de se sentir utile et de rattraper la vie minable qu’ils ont en civil. Non, là, ce fut mon premier archétype de l’anti-héros. Un type qui n’a rien demandé, n’a pas le profil et a empilé sur ses épaules, en peu de temps, une montagne de poisse le tout sur un fond tragique.

Le Dr. Alec Holland est un scientifique-chimiste. Lui et sa femme Linda sont des cracks dans le genre. Ils travaillent tous deux sur un sérum qui serait capable de faire pousser n’importe quel végétal n’importe où et dans des conditions optimales. Envoyés dans un endroit secret par le gouvernement, chaperonné par leur ami flic Cable, ils atterrissent dans le bayou… Bon, je sais déjà ce que vous pensez, j’ai eu la même impression. On n’envoie pas des gens précieux comme ça dans une baraque plantée dans un trou boueux, on les garde dans le labo tout équipé d’un centre-bunker et voilà. Je sais. Alors, passons sur le côté peu crédible voulez-vous ? Merci.
Là, inconnus dans l’inconnu, à l’abri des tentations des grandes villes, ils poursuivent leurs expérimentations. Hélas, même les secrets s’ébruitent. Des porte-paroles d’une organisation privée à tendance mafieuse se pointent et leur proposent un chèque en blanc en échange de leur formule. Holland refuse et leur dit de s’introduire leur chèque bien profond. Les sales gueules n’insistent pas et se retirent en promettant de revenir plus tard. Ce qu’ils font. Même refus. Les mafieux s’énervent et assomment Holland. Leur logique primaire parle pour eux. Puisque ce scientifique semble incorruptible, autant le liquider, comme ça, personne d’autre n’aura jamais cette foutue formule. Ils décident de faire sauter toute la baraque, et Holland avec. Reprenant conscience peu de temps après, son premier regard est pour une bombe placée sous la table d’expérimentations devant lui. Le réveil est dur... Il n’a même pas le temps d’essayer de la désamorcer qu’elle explose, déchiquetant son corps et le mêlant aux produits chimiques enflammés. Encore conscient et hurlant de douleur, il trouve la force de sortir de la maison dévastée et d’aller se jeter dans le marécage afin d’apaiser sa souffrance. Plusieurs heures plus tard, il en ressort. Mais ce n’est plus le Dr. Alec Holland. A sa place, c’est une « créature des marais », un tas de boue à la forme tout juste humaine.
Passons également sur la suite, sa femme est tuée par les mafieux, il se venge, les zigouille mais se retrouve accusé de la mort des Holland. Désormais seul, traqué par son meilleur ami Cable qui n’a rien compris au film, le Dr. Holland ère à la recherche de quelque chose pouvant inverser la métamorphose. Il y a du Hulk là-dedans…

J’ai lu avidement ce numéro de la Créature Du Marais. Avidement oui, c’est le mot. C'était glauque, l'histoire était parfois sordide, tragique, dégueulasse. Une vraie claque par rapport aux Strange presque politiquement correct. Même qu'il se bastonne contre Batman dans la seconde histoire ! Un numéro plus que complet ! Rapidement, j’ai pu réunir tous les numéros Arédit sortis sur lui, ce qui n’était pas un mince exploit. J’avais pu retrouver les deux premiers, dans un même double numéro, chez une petite vieille de ma ville, libraire de son état, et qui vendait encore des magazines et autres revues périmées qu’elle avait oubliées de rendre. J’étais très fier de ma petite collection sur lui qui comportait quatre numéros, les quatre premiers dessinés par Berni Wrightson. Je ne savais pas que la saga avait continué ensuite avec d’autres dessinateurs. Je ne l’appris qu’en 2005, lorsque Delcourt ressortit Swamp Thing de son bourbier fétide dans une réédition originale en noir et blanc. J’achetais le premier numéro mais le plaisir ne fut pas au rendez-vous. Il me manquait un petit truc : la couleur ! C’est fou comme on peut s’attacher à la première version de quelque chose. J’avais connu La Créature Du Marais en couleurs, et des couleurs immondes et flashy, presque de la bichromie, mais mon œil de gosse s’en foutait. Là, c’était noir et blanc, c’était bien, je n’ai jamais craché sur ce style et cela me permit de découvrir à quel point Wrightson est un grand dessinateur. Mais ça ne me convenait pas parce que je n’avais pas connu la série dans cette configuration. Ça m’a rappelé ce pote qui m’avait dit au tout début des années 90 préférer la version Master System du jeu Space Harrier, pourtant assez chaotique, à celle de l’Amiga, presque parfaite, simplement parce qu’il avait connu, et joué, à la Master System en premier. Là, c’était la même chose. Les couleurs baveuses d’Arédit me manquaient. De plus, la réédition de Delcourt comportait un bug en fin du premier volume, la dernière page était l’avant-dernière.
J’ai rapidement revendu ce numéro qui ne me satisfaisait pas et ignoré les tomes suivants, inédits en France, développant l’histoire et apprenant au lecteur que le tas de boue ambulant n’est pas le Dr Holland…
En 2010, le miracle eut lieu et je retrouvais en scans les pockets que j’avais eus des années auparavant. Là, j’étais bien ! Là, la magie opérait à nouveau.

Quand j’ai vu débarquer ce buste Swamp Thing l’an dernier en pré-commande, j’ai poussé un cri à double signification. La première fut un cri de surprise. La Créature Du Marais, ô joie profonde ! J’allais pouvoir lui rendre hommage avec une pièce ! Mais à ce cri de pucelle se mêlait un parfum d’effroi, pourquoi avoir fait cette bouche ouverte ?? C’est nul ! Swamp Thing était quasiment muet ! Pourquoi ne pas avoir pondu un buste reprenant son dessin le plus fameux, le premier ?
Refroidi par ce bec ouvert, je n’ai pas dégainé de suite mon crédit. Mais je suis revenu régulièrement dessus, j’ai regardé, étudié sur toutes les coutures les photos de preview, j’ai dit non pendant plusieurs mois, et puis finalement, je l’ai commandé quand même. Quand je tourne autour de quelque chose, ça se termine toujours comme ça...


L'aspect est assez bien respecté.

15cm de haut sur 14cm de largeur. Il pèse assez lourd.

Y'a même une amorce de cul!

C'est le côté le plus humain.

Mouais... Cette bouche ouverte, franchement... J'ai du mal!

En préparant cette review, j'ai appris qu'une nouvelle version de Swamp Thing sortait régulièrement depuis peu, une sorte de suite où notre tas de boue s'en va combattre des ersatz de zombies. J'en ai topé quelques uns et, malgré un côté gore et barré (le gamin qui s'est échappé de l'hosto est prometteur question psycho!) c'est pas vraiment formidable, voire assez ridicule. Vous voulez une preuve? Cliquez ici.

Mélange de boue, de terre, d'eau et de vase...

Il doit sentir bon...

Non, il ne se met pas sa zigoubite autour de la taille...

J'aime bien ce bout de flotte ripou en résine.

Splash!

Y'a même des fleurs! Des nénuphars sans doute.

Du travail dessus.

Marais + produits chimiques bizarres = abdos !

Saviez-vous qu'un film sur Swamp Thing était sorti dans les années 80? Voyez ici. Un sacré nanar!

Un air hébété.

Superbe sculpture!

De la flore...

...mais aussi de la faune!

Et encore là!

Ce lézard est vraiment bien fait.

On pourrait le confondre avec une racine.

Plus on descend et plus le bois est présent.

Il va falloir aller chez le dermato...

Attention à ne pas confondre Swamp Thing avec Man Thing (L'Homme Chose), qui est la réponse de Marvel à DC. Les deux ont quasiment la même histoire, et presque la même apparence, mais ce sont deux personnages bien différents.

Alors là j'ai pas compris, pas de numéro de série, rien. Curieux.

A l'arrivée.

La boîte est superbe et reprend le lettrage d'origine.

"Guardian of the green"! Merde, un écolo!

Suspens avant ouverture.

Pas de petits bouts cassés qui se promènent dans la boîte ou le sac, je respire mieux.

Extraction. Un buste bien plus grand que les autres sur la même collection, celle des Heroes Of The DC Universe.

J'ai donné le sac à un petit enfant pour qu'il s'amuse avec...


Malgré la bouche, une belle pièce pour les connaisseurs uniquement. C'est peut-être plus un buste sur le Swamp Thing datant après Wrighston qu'avant, même si on le retrouve bien quand même.

7 commentaires:

  1. Je trépignais d'impatience à l'idée de vous apprendre quelque chose sur Swamp Thing mais vous le savez déjà !!!
    Bon... Le mec à l'origine de la retcon est Alan Moore.

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  2. Ah si j'ai un truc à ajouter ! Ce n'est pas Man-Thing la réponse à ST mais plutôt l'inverse. Comme souvent, l'histoire donnera raison au vainqueur et c'est Swamp Thing, à la popularité et notoriété très supérieures à celle de l'Homme-Chose, qui sera considérée comme "l'original".

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    1. Il a cogité toute la nuit pour trouver quelque chose à dire sur cette review, aha!

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    2. Exazkt ! Ah ! Vous savez comme j'aime y aller de mon petit couplet d'érudition sur les comics ! Bon à ma décharge, je n'avais lu l'article qu'en diagonale et c'est en le relisant ce matin que j'ai vu le (petit) contresens, petit puisque si je n'abuse les deux personnages ont vu leur première apparition publiée à un mois d'écart ! En tout cas il semblerait que ce soit Wein qui ait pompé sur Conway et pas l'inverse ...

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    3. Honnêtement, j'ai toujours cru que Swamp Thing était arrivé avant, il date quand même de la fin des années 60, c'est pas frais. Man Thing fait plus 70's je trouve dans la forme mais bon, j'aurais dû vérifier avant d'écrire ça. Enfin c'est pas grave. On le voyait beaucoup Man Thing à une époque, contre Miss Hulk, contre Captain America et la Chose, avec Wundar etc.

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    4. Et aussi man-Thing contre Pokemon, Man-Thing avec un poireau dans la main, etc ...
      En fait Man-Thing est bien 70's, mais c'est Swamp Thing qui est moins vieux que vous ne pensiez. Encore une fois il n'y a que demie-inexactitude puisque Man-Thing est paru en mai 71 pour juillet 71 pour Swamp Thing. Étant donné qu'en mai le numéro de juillet de House of Secrets dans lequel est paru Swamp Thing devait être bien avancé dans sa rédaction (et que la première version du personnage, revampée en novembre de l'année suivante, était plus éloignée de Man-Thing que la suivante), il reste difficile de dire qui a pompé qui, ou même s'il y a eu pompage.
      En revanche la version "Alec Holland" du personnage, sortie en 72, est effectivement plus directement inspirée de Man-Thing, pas de doute.

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  3. la créature des marais a fait l'objet d'une suite plutôt drôle, d'une série tv et d'une série d'animation
    et man thing d'un film sans trop de rapport avec le comics

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