HOMMAGE A FRANK R. PAUL

Je découvre, avec BEAUCOUP de retard, un nom que j’ignorais mais dont les œuvres m’étaient familières : Frank R. Paul. Dessinateur américain, le type a longuement illustré des couvertures de magazines de science-fiction à une époque où l’on ne savait pas encore grand-chose sur ce qu’il y avait au-dessus de nos têtes.
De la fin des années 20 jusqu’à sa mort en 1963, il réalisa de nombreuses couvertures, pour des magazines devenus cultes comme Amazing Stories ou Pulp, et autres peintures qui influencèrent énormément la génération suivante. Les George Lucas et autres Matt Groening lui doivent beaucoup. On peut même se demander, devant certains de ses dessins de soucoupes et de robots, si les Japonais n’ont pas lorgné dessus pour créer leurs propres tas de ferrailles devenus si célèbres parmi nous…
Son talent sera de se substituer au manque de moyens technologiques de cette époque en imaginant ce qu’il pouvait bien se passer sur tous ces mondes, que nous savions exister mais dont nous étions incapables de montrer en photo, et encore moins d’accéder. Laissant son imagination diriger ses crayons et pinceaux, Paul livrera des planches sublimes qui feront rêver des millions de gosses et jeunes adultes avides de terrains vierges à conquérir. Paysage bizarres, astronaute posant le pied sur une planète lointaine, peuples extraterrestres pas forcément belliqueux, vaisseaux interstellaires, urbanisme futuriste, le tout avec une patte désormais très « vintage » comme disent les cons mais qui m’enchante et ce, depuis de nombreuses années. On reviendra prochainement sur cet engouement des dessins « retro futuristes » chez moi, et qui ne date pas d’hier, avec une review de quelque chose commandé uniquement à cause de cela.

La conquête spatiale démarrée à la fin des années 50 par Spoutnik, et les clichés pris par des sondes et télescopes, jetteront aux chiens ce genre de dessins. Pourtant, la réalité se montrera bien fade comparée aux délires de Paul. Mars, ni aucune planète de notre système solaire, n’abrite de civilisations ultra avancées peuplées de créatures à tentacules. Et même ce futur, qu'on nous avait pourtant promis radieux, où tous les malheurs et défauts de l'Homme seraient corrigés par le progrès, se révèle décevant et mensonger. On envoie toujours des fusées à poudre, la lune n'a toujours pas été colonisée et sur Terre, dont le fier peuple devait bâtir d’immenses « cités atomiques » entièrement automatisées, non polluantes, aux lignes très pures et magnifiques, on continue de construire des cages à lapin moches en béton armé.
Ceux qui vivent dans un monde imaginaire ne sont pas des fous, ils se protègent simplement d'une réalité bien trop triste à leur goût.