mardi 5 mars 2013

MES ANNEES INFORMATIQUE - PARTIE 2 - MA PREMIERE FOIS

Ma récente review de la figurine Boomer, où j’évoquais rapidement mon addiction passée aux jeux vidéo, m’a donné l’idée de pondre une sorte de « parcours du combattant » de l’informatique façon vieux con. Toutes les machines que j’ai eues ou vues. Voyant que cela allait encore être un pavé complet, j’ai décidé de splitter cet article en plusieurs morceaux, voici la seconde partie. La première est lisible ici.

1987


Découverte d’un nouvel ordinateur chez un pote, le ZX Spectrum. Malgré son nom clinquant, c’était une machine ringarde, pas du tout taillée pour le jeu, et qui était encore à K7 dans le modèle reçu par le copain. Des K7 audio en guise de support pour des jeux ? C’était la première fois que je voyais ça. Etant habitué aux disquettes 5¼ de l’Apple II ou 3 pouces de l’Amstrad, voire aux cartouches, ce format m’avait beaucoup intrigué à ce moment-là.
Je découvris donc cet ordinateur et le constat fut navrant. Je me souviens, on mettait un jeu, Gryzor par exemple, et on allait se regarder un bout de film dans le salon en attendant, parce qu’il y en avait pour 20mn de chargement… A la sortie, en échange de toute cette attente, même pas d’émerveillements. Un jeu moche, aux sons bip-bip, aux effets ridicules. Ça me rappelait l’Apple II mais lui avait l’excuse de l’âge. J’ai pas du tout bavé dessus.



La même année, ma voisine de palier reçut un Minitel. C’était comme le Canada Dry ça, ça avait le goût et la couleur d’un ordinateur mais ce n’était pas un ordinateur ! Très curieux le mercredi suivant cet arrivage, nous le découvrîmes ensemble, passant la journée dessus. Sans le savoir, on se faisait une répétition d’Internet avec ce truc. On s’amusait à jouer aux petits jeux proposés par le 3615 code pl jeux. Avec des caractères semi-graphiques, tout en noir et blanc, un son grésillant, c’était grotesque, mais on s’amusait tout de même. Notre jeu favori fut celui des allumettes. Une rangée d’une quarantaine d’allumettes et chaque joueur doit en enlever une, deux ou trois. Celui qui a la dernière perd. Jeu idiot de logique mais très prenant en version électronique. C’est curieux car, on aurait pu y jouer avec de vraies allumettes sur une table mais là, ça ne nous aurait beaucoup moins plu.


Mais hélas, le Minitel n’a jamais été gratuit. Loin de là. Le mois suivant, son père reçut une facture de téléphone assez… musclée ! Et la bonne copine a dégusté pour deux. On n’a donc plus trop touché à ce Minitel par la suite. J’en pris un pour moi en 1993 dans le seul objectif de chasser la greluche sur les fameux serveurs de rencontres de l’époque. Ce fut à mon tour de recevoir des factures carabinées.

Dernière découverte, vers la fin de l’année, « initiation à l’informatique » à l’école grâce à un plan national. J’étais en 4e et, une fois tous les quinze jours, j’y eu droit avec toute ma classe sur les ordinateurs du collège et dans la salle dédiée. Une salle qui nous faisait tous rêver mais le rêve fut de courte durée. En effet, nous nous sommes tous retrouvés face à des MO5 Thomson, ordinateurs on ne peut plus nazes. Petits, fragiles, buggés, avec des touches en caoutchouc, non, franchement…


Ils étaient tous connectés au « nanoréseau », sorte de gros ordinateur, sans doute un PC, situé dans le fond de la salle et qui pilotait tout ça. Je me souviens des consignes du prof, nous demandant d’allumer nos MO5 un par un, poste par poste, pour ne pas faire sauter le nanoréseau. On était encore loin du plug and play… Trop excités de se retrouver devant un véritable ordinateur, et pressés d’appuyer sur son clavier, on a tous, ou presque, allumé nos bécanes en même temps. Hurlement du prof…
Qu’en avons-nous retiré de cette initiation ? Rien ! Que voulez-vous apprendre avec deux heures une fois tous les quinze jours ? On considérait plus ça comme deux heures de détente et de rigolade que comme un véritable cours. La seule chose intéressante dont je me rappelle fut une sorte de répétition du « copier-voler » avant l’heure. En effet, comme tout était connecté, à l’aide de la commande « CLONE », on s’accaparait ni vu ni connu le travail d’un autre poste qui s’affichait sur notre propre écran. Il suffisait juste de le retoucher un peu pour le faire passer pour son propre truc. Les faignants ont toujours de l’astuce.


1988

Rencontre furtive avec un vieil Atari 800XL chez un mec le temps d’un après-midi en compagnie de quelques pétasses de notre classe. Et oui, c’était aussi le temps de la drague. On jouait à Jungle Hunt et ça faisait glousser les dindes assises à côté de nous.



Fin décembre, enfin, je perds mon pucelage en silicone en recevant pour mon anniversaire/Noël mon premier ordinateur, un Atari 520 ST. J’avais demandé, sans vraiment bien savoir ce que je voulais, un appareil-photo. C’est toujours utile. Et le tonton et la tata friqués m’ont ramené un sac à puces, et avec le moniteur en plus, en couleurs ! On n’aurait pas pu me surprendre plus que ça. Ni me faire plus plaisir ! Moi qui me serais contenté d’un Amstrad 6128, je recevais un truc 10 fois plus puissant.


J’étais en 3e à ce moment-là et j’étais dans une petite bande où tout le monde, ou presque, avait un ordinateur ou une console 8 bits. Je passais donc un peu pour un con auprès d’eux. Mais après la réception de cet ordinateur, un 16 bits, il était temps de prendre le pouvoir et de frimer !
J’ai reçu ça un dimanche. Le lendemain matin, en bas de chez moi, où toute la clique se donnait RDV pour se rendre à la mine de sel appelée « collège Jean Jaurès », on me demanda si j’avais reçu mon appareil-photo et s’il était bien. J’attendais ce moment depuis la veille. Quand je leur annonçais, tranquillement, que l’appareil-photo était en fait un Atari ST, il y eut un énorme silence dans le groupe. Et voilà comment on devient le patron sans même l’avoir voulu.
Deux jeux accompagnaient ce divin cadeau : Bob Winner, une merde et sans doute un invendu mis dans le lot, et surtout, le jeu qui m’a le plus marqué dans ma vie : Dungeon Master, jeu devenu culte depuis. Si je ne devais en garder qu’un, ce serait celui-ci.



Ce fut le début d’une addiction aux jeux vidéo qui allait durer six ans. Le premier mois se passa dans le donjon virtuel, à explorer et combattre. Cela me rappelait les Livres Dont Vous Etes Le Héros que j’avais largués un an plus tôt, mais cette fois-ci, c’était pour de vrai. Enfin presque…
La maladie me frappa avec rage. Les devoirs ? Aux chiottes ! Les filles ? Plus le temps ! Les comics ? Plus tard ! Je ne sortais plus. Je ne mangeais plus. Je dormais très peu. Ma mère se plaignait du bruit que faisait chaque clic de la souris la nuit.
On n’avançait pas dans Dungeon Master, on s’y enfonçait. Animé, en temps réel, immense, difficile, truffé de passages secrets, avec des sons digitalisés pour vraiment nous mettre dans l’ambiance, ce titre a révolutionné le jeu d’aventure. C’était d’ailleurs plus qu’un jeu, c’était une simulation de vie, tout simplement.


Tout un monde, tenant sur moins d’1mo, s’offrait à moi. Je ne parlais plus que ça, gonflant nombre de personnes autour de moi. En cours, je pensais déjà à la prochaine partie et me triturait la cervelle pour savoir comment résoudre une énigme ou franchir un passage délicat qui me posait problème.
Je réussis à le finir en 6 mois, en occultant plus de la moitié des salles. Certaines me foutaient tout simplement trop la trouille. Malgré la promesse de trésors et autres objets, je savais que ça grouillait de bestioles dedans et que je me ferai tuer rapidement. Mal organisé dans mes premières parties, ignare de la magie, trop pressé d’avancer, j’ai tout connu : les trappes invisibles, les marches de la faim et de la soif, la fuite avec derrière soi un monstre vous coursant, les cul-de-sac, les combats dos au mur, la mort. Heureusement, les sauvegardes étaient là.


Je n’ai jamais retrouvé une telle émotion, une telle sensation de jeu. Peut-être que la découverte de l’ordinateur ajoutait un plus, mais il est clair que Dungeon Master était LE jeu du moment sur 16 bits. Il fut d’ailleurs la plus grosse vente sur Atari ST toute époque confondue et rafla des tas de prix. Encore maintenant, il est évoqué avec respect et les émulateurs à son propos ne manquent pas. Une version moderne est d’ailleurs à l’étude sur Xbox. En voyant sa démo, je me suis posé la question de l’achat de cette console…



Un jeu, même de folie comme Dungeon Master, c’est bien mais c’est peu. Il m’en fallut rapidement d’autres. La solution la plus simple fut celle des jeux « déplombés » comme on disait alors. Le mot « crackés », plus branché, le remplacera bien vite. A 200 frs le jeu original en moyenne, il était clair que cela encourageait le piratage. 10 disquettes vierges, c’était 60 balles alors forcément… Il suffisait de trouver quelqu’un dans l’école qui avait ses sources. C’est comme ça que j’entendis parler pour la première fois du fameux système pyramidal de Ponzi. Vous savez, le truc qu’employait Madoff et tant d’autres escrocs. On paye les intérêts des premiers investisseurs avec les cotisations des nouveaux venus. Certains petits malins vendaient leurs copies de cette façon et faisaient raquer les autres par l’intermédiaire de leurs « clients ». Les sommes pouvaient rapidement devenir énormes, surtout pour des collégiens.
Mes premiers jeux crackés arrivèrent bien vite : Crazy Cars 2, Speedball, des démos musicales, Arkanoid 2, Barbarian 2.



Evoquons également les « filières parallèles » pour se procurer des jeux, comme ces potes malhonnêtes se rendant au Virgin Megastore des Champs-Elysées, dont la sécurité était aisément contournable à l’époque. Le système était bien rodé. Un se mettait devant pour cacher l’autre derrière qui ouvrait rapidement les boîtes, volait les disquettes dedans, et tous repartaient très vite. Ils revendaient ensuite le fruit de leur larcin une poignée de clous à des gens comme moi, pour qui l’idée de voler effarouchait mais n’était pas contre celle de jouer les receleurs… Je pus récupérer ainsi nombre de jeux originaux, bien que sans boîte ni notice mais qu’importe.

Dans le gros colis, un livre « Bien débuter avec l’Atari ST » l’accompagnait. Il me faudra quelques semaines pour comprendre que ce bouquin datait de la sortie du premier ST, en 1985, et qu’il n’était pas à jour par rapport à celui que j’avais reçu. Je me revois encore en train de fouiller la disquette utilitaire à la recherche du langage « logo » sans savoir qu’il n’y était plus…
A ce propos, ce bouquin, de part son initiation au Basic et ses quelques listings à taper, me permit de comprendre que je n’étais pas du tout fait pour la programmation. C'est dommage mais, ayant eu les pires moyennes de maths de toute l’école durant toute ma vie, et vouant depuis une haine inextinguible aux maths, profs de maths et autres matheux pour toutes les souffrances et humiliations qu’ils m’ont fait endurer pendant tant d’années, c’était presque une évidence que je ne pigerais rien non plus à ces histoires de codage. Tant pis.

10 if null code then fuck ù
20 ok
30 run

Autre source de plaisir, ma première boîte de disquettes 3½. De marque Konica, toutes bleues, dans leur petite boîte en carton blanc et argenté, chacune rangée dans un fin étui en plastique transparent, comme des tranches de fromage, avec leurs étiquettes de couleur pastel à coller. Ça sentait bon le neuf. Jamais je ne les oublierais. C'est comme son premier disque ou sa première voiture tout ça je suppose. Toujours à propos d’odeur, une fois allumé, le ST dégagea pendant plusieurs mois une odeur de plastique chaud très caractéristique. L’odeur de la modernité.


L’arrivée à l’improviste de cet Atari ST bouleversa ma vie et m’ouvrit l’accès à tout un univers pour moi, univers que je ne pouvais jusque là qu’observer chez les autres. C’était mon tour d’en profiter.

A suivre.

4 commentaires:

  1. Bonjour,

    J'aime bien cette série d'articles, j'ai connu tout ça aussi. (^_^)

    Par contre, tu as fait une petite faute de frappe : le ST, ce sont des disquettes 3½, pas 3¼. ;)

    Clément.

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    1. Exact. Ah ces fichues mesures anglo-saxonnes... Merci.

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  2. Salut l'ami. Je frequente ton site depuis peu, et j'aime bien. Et pas seulement grâce à Chloé.
    Quand j'était gosse, j'avais un amiga 500. Une vraie tuerie : Gods, Moonstone, Vroom, Apydia. ... tes articles m'ont rappelé plein de souvenir : C'était la guerre entre pro amiga et pro amstrad ....

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