jeudi 21 mars 2013

MES ANNEES INFORMATIQUE - PARTIE 3 - FRUITS ET LEGUMES

Ma récente review de la figurine Boomer, où j’évoquais rapidement mon addiction passée aux jeux vidéo, m’a donné l’idée de pondre une sorte de « parcours du combattant » de l’informatique façon vieux con. Toutes les machines que j’ai eues ou vues. Voyant que cela allait encore être un pavé complet, j’ai décidé de splitter cet article en plusieurs morceaux, voici la troisième partie. La première est lisible ici, la seconde .

1989

L’arrivée de cet Atari 520ST bouleversa ma vie mais aussi ma chambre. Il fallut rapidement lui trouver une place bien à lui. Mon bureau d’époque étant trop petit, et surtout en piteux état, ma mère fit des miracles en ressortant une vieille, mais solide, table de cuisine. A l’heure actuelle, 25 ans après, et malgré quelques tentatives malheureuses pour la changer, c’est toujours elle qui soutient tout mon bordel informatique. Elle fera encore 25 ans…
Seul un emplacement spécifique pour la souris manquait et le seul endroit où je pouvais la faire rouler sans gêne était le côté gauche. Qu’à cela ne tienne, on tiendra la souris à gauche malgré le fait que je sois droitier. N’ayant jamais eu de souris en pogne avant ça, cela ne me posa aucun problème. Etant sans doute un gaucher contrarié, vu que je tiens une guitare également comme un gaucher, l’adaptation se fit très vite. Depuis ce jour, je tiens la souris à gauche et je me vois mal la tenir à droite.


Faisant désormais officiellement partie du club des geeks, je me devais de me cultiver sur la chose. J’investissais donc ma librairie favorite, non pas pour y acheter mes revues Lug/Semic cette fois, mais pour dévaliser un rayon que j’ignorais jusqu’alors, celui des magazines informatiques. Le choix ne manquait pas. Tilt était le premier de la classe et le plus sérieux, avec des journalistes d’un certain âge, sachant écrire et connaissant bien les machines, mais je le découvris alors qu’il entamait déjà sa chute. Dépassé par un nouveau public trop jeune et futile, avide de jeux bourrins en mettant plein la vue et les oreilles, ses rédacteurs les plus calés cédèrent la place à des arrivistes, comme le fameux AHL, qui mettait 18/20 au moindre jeu avec un joli graphisme même s’il n’y avait aucun intérêt ou une animation toute pourrie. Combien de jeux merdiques a-t-il fait vendre de par ses critiques élogieuses celui-là ? La forme avant le fond. Cela lui ferait une belle épitaphe.


J’achetais également Génération 4, un grand magazine avec de petites photos, et Micro News, qui comprit rapidement que la plupart des gamers à ce moment-là n’étaient que des petits puceaux en rut. Alors, ils mirent dans leurs pages un peu de cul pixelisé, très soft pourtant, mais c’était suffisant pour faire des ventes supplémentaires. Ce canard, qui s’inspirait directement de Hara-Kiri et d’Hebdogiciel, regroupait des reviews de jeux piratés, ce dont les testeurs s’en cachaient à peine, des solutions de jeux incomplètes, des photos de slideshows érotiques scannées en 16 couleurs entrecoupés des dessins si fins de Carali, à base d’anus dilatés et de vomi de porc... On vit même un temps des apparitions du professeur Choron. Un joyeux bordel mais qui ne dura pas bien longtemps.


L’arrivée des Consoles +, Joystick et Joypad au tout début des années 90, avec d’arrogants petits bourgeois en guise de rédacteurs, remodela le paysage de la presse informatique française, mais pas en bien. On reviendra là-dessus plus tard.

Outre les jeux piratés évoqués dans la seconde partie, je me mis également à en acheter. Ma première commande chez Micromania par VPC, en mai/juin 89, dépassa largement le plus gros billet de banque de l’époque. Je fus un de leurs clients réguliers sur les différentes machines que j’eues en ma possession. Je me souviens encore de mon numéro. J’ai essayé, en écrivant ce texte, de voir s’il pouvait m’ouvrir la porte de leur site mais hélas non. C‘est trop vieux, c’est pas comme la Sécu ou Auschwitz, on n’a pas son numéro à vie chez eux... Dommage. Ça m’aurait amusé de retracer mon historique de commandes chez eux.
Au menu de cette première commande : R-Type (moyen), Thunder Blade (grosse daube mais achetée en promo donc, pas de déception) et Forgotten Worlds, formidable et qui me fit tout l’été.



Entre ça et les divers jeux copiés reçus en même temps, ce fut mon premier été quasi intégralement passé enfermé devant un écran. Autant dire que ce n’était pas à ce moment-là que j’aurais développé un cancer de la peau… Je cueillais les fruits de la modernité ce qui faisait de moi un légume.

Ayant réduit en miettes mon premier joystick un mois après l’avoir reçu, une merde fournie dans le colis de l’Atari ST, je me mis en recherche d’une manette digne de ce nom. Le Pro 5000 se révélera un choix judicieux. Je crois que je l’avais payé 200 balles, ce qui n’était pas donné mais c’était un investissement à long terme. En effet, malgré mes crises, je n’eus plus besoin d’acheter une manette pour mon Atari dans les années qui suivirent. Pourtant, il en a vu. Il résista à toutes mes colères de mauvais perdant, poussées de violence et autres fracas caractériels.


Cette manette était de grande qualité, aussi bien dans son ergonomie que dans sa conception. Son manche était plutôt dur et ça me plaisait. Je déteste ces manettes « molles », j’aime qu’il y ait une certaine résistance dans le mouvement, ça permet de mieux doser l’action. Avec ses deux boutons sur chaque côté, elle permettait aux gauchers comme aux droitiers de l’utiliser. Enfin, elle était faite pour être posée sur une surface plane, donnant encore plus de solidité à l’ensemble. Il fallait bien ça pour certains jeux, comme par exemple International Karate +.



C’était aussi le temps des prises « Atari » comme on disait, des connecteurs DB9 pour les pros. Toutes les machines, ou presque, depuis la VCS 2600, les avaient et on ne se posait même pas la question de la compatibilité. On branchait et basta ! Les joueurs les plus calmes pouvaient exporter leur manette de toujours d'une machine à l'autre. Les prises propriétaires commenceront à nous empoisonner l’existence, et surtout à nous coûter beaucoup plus cher, car ça ne sert qu’à ça, avec l’arrivée des consoles Nintendo qui ont toujours versé là-dedans, au grand malheur des joueurs. Le Pro 5000 restera MA manette de prédilection sur Atari ST.

Même si j’avais à la maison une bien jolie machine qui ronronnait, je continuait de m’intéresser à celles des autres, suivant le hasard des rencontres de la vie. On avait dans la classe en 3e un type qui passait pour le gamer de la mort et entretenait savamment cette réputation. Il avait des contacts pour avoir les dernières nouveautés sur presque toutes les machines, je lui dois d’ailleurs mes premiers jeux crackés. Il se ramenait avec un exemplaire du dernier Tilt sous le bras, il parlait jeux vidéo toute la journée etc. Il était dans notre bande qui était composée de quatre blaireaux, moi inclus.
Le mec nous avait parlé de sa Sega Master System dès 1988. Il en avait une, il ramenait parfois un jeu en cours pour nous montrer ces larges cartouches noires et rouges. Une fois, il ramena un jeu sur carte. Grosse frime ! Ça paraissait si moderne, si fiable, très japonais finalement ! Et il en rajoutait dessus, disant à quel point ses jeux étaient meilleurs que les nôtres ; pas sur le plan des graphismes ou du son, mais sur celui de l’intérêt. D’après lui, les Japonais faisaient des jeux différents, très chiadés, exploitant au mieux les possibilités de la machine et toujours avec une animation irréprochable. Dans un sens, il avait raison.


Devant de telles affirmations, nous avions très envie de voir ces jeux en direct-live mais c’était le genre de gusse à squatter chez les autres et à ne ramener personne chez lui. On en a tous connus des comme ça. En général, ils ont d’énormes problèmes personnels. Ça aurait dû nous mettre le Pentium à l’oreille sur ce qui allait suivre.
Un jour, et peut-être pour échapper à un débarquement sauvage chez lui de notre part, il ramena carrément en cours sa console dans un sac de sport, avec les manettes, les câbles et près d’une vingtaine de jeux. Et il nous prêta tout ça ! Croyez-moi, on a tous vomi un arc-en-ciel ! Chacun dans la bande eut droit à une petite dizaine de jours de prêt de la console chez lui, à jouer comme il le voulait. Cet acte de générosité hors norme fit de son propriétaire une sorte de héros dans le groupe. C’était vraiment sympa.
Je découvris donc cette console et ces fameux jeux japonais, dont on commençait à nous rabattre les oreilles dans les magazines. C’était du 8 bits, à peine plus puissant qu’un Amstrad, mais il y avait quelque chose en plus : la touche nippone ! Il y avait une ambiance unique, tout répondait parfaitement, on s’amusait. Les jeux étaient drôles, surtout ceux de plateformes, les situations étaient cocasses et exotiques. Vous dirigiez toujours un personnage en SD, cela rappelait inévitablement les dessins-animés japonais que nous avions regardés quelques années plus tôt. La profusion de titres nous permettait de varier le menu. Et quelle rapidité ! On enfichait la cartouche, on allumait, on jouait. Tout de suite ! Exit les chargements de trois ou quatre minutes comme parfois sur ST. Je le mis d’ailleurs en pause pendant une bonne semaine devant cette petite console. Je découvris donc avec un sourire béat Action Fighter, Black Belt, Zillion 2, Wonder Boy, Shinobi, Rocky…



A la fin de l’année, le mec ne vint plus du tout en cours. On devinait les problèmes familiaux. Ne répondant pas au téléphone, et après avoir essuyé un refus tout net de sa mère derrière la porte de chez lui pour le voir, nous demandâmes de ses nouvelles par un de ses potes d’une autre classe. Et en discutant avec lui, nous apprîmes que notre « Sega Man » était le roi des menteurs. Cette console et ces jeux n’étaient pas du tout à lui mais à un autre gars de l’école ! Il prêtait simplement ce qu’on lui avait lui-même prêté juste pour recueillir des « merci » et passer pour le gars super sympa auprès de nous. Tout s’éclaira de suite dans nos esprits, le sac de sport et surtout son attitude si détachée devant ce prêt. On ne pouvait pas passer une console complète comme ça, avec autant de périphériques, sans une pointe de crainte. Même si nous étions soigneux et honnêtes dans la bande, et que cette console était solide, on ne sait jamais. Un accident peut arriver, un cambriolage, un incendie, un caniche enragé, une grand-mère très âgée, que sais-je ? Lui s’en foutait, et c’était normal, ce n’était pas à lui. Quel culot ! Et quelle belle conception de la responsabilité face à ce prêt ! Le véritable proprio a-t-il su que sa console avait navigué chez des inconnus comme ça ? Je ne l’ai jamais su et il vaut mieux également pour lui qu’il n’ait jamais entendu parler de cette terrifiante histoire.
Et ce ne fut que le début pour moi, car le « prêteur sur gages » allait me suivre au lycée. Ce fut une rencontre cruciale dans ma vie avec ce genre de personnage, presque mythique, qu’on appelle un mythomane. Vous savez, ces gens qui racontent n’importe quoi toute la journée et pire que tout, y croient eux-mêmes. Je le vis basculer du petit mensonge d’ego adolescent, dans lequel il avait toujours versé, à l’énormité pure et dure. Il avait brisé ses amarres et n’avait plus de limites. Je vous passe les détails. Et quand on lui disait d’arrêter le son du pipeau, il piquait des crises. La contradiction dans son monde fait de mensonges lui était insupportable. Par chance, j’ai pu m’en sortir assez vite avant que les dégâts ne deviennent irrémédiables, parce que ces individus vivent à vos crochets et vos dépends. Vous n’êtes que des compléments d’eux-mêmes et s’ils doivent vous sacrifier pour continuer à vivre dans leur pays des rêves éveillés, ils le feront sans hésitation. Eux seuls comptent. Souvenez-vous de Jean-Claude Romand. Y’a pas que des gens bien parmi les gamers.

Fin 89, anniversaire + Noël, je me fis payer par papa/maman, devinez quoi ? Et oui, des jeux. L'épatant Rick Dangerous, l'ébouriffant Shufflepuck Cafe et l’amusant Strider passèrent cette fin d’année en ma compagnie et celle de ma voisine de palier qui, depuis l’arrivée de cet Atari, squattait chez moi. Chacun son tour.




1990/91

Tout ce bonheur devait se payer, forcément. Et il se paya avec une panne de l’Atari ST début janvier 90. Il faut dire que je cognais dessus quand je perdais… Je jouais à Ghouls’n Ghosts, jeu que je découvrais à ce moment-là et que j’aimais beaucoup. Et j’ai perdu. Montée de colère, besoin de laisser échapper cette bouffée de vapeur, et donc, méga baffe dans le sac à puces. Ça soulage. Je l’avais déjà fait avant, et il n’avait rien dit. On s’habitue. Mais là, pchiouf ! Plus rien sur l’écran ! Houla ! Bon, un coup de reset et ça devrait repartir, non ? Non ? Ben non. On tente la manœuvre de la dernière chance, on éteint le ST complètement, on débranche les câbles, on rebranche et on rallume. Rien. La TRES désagréable goutte de sueur froide dans le dos et le sentiment d’avoir fait une connerie irrémédiable.
N’étant plus sous garantie depuis peu (ben voyons !), il fallut entamer un parcours du combattant pour trouver un réparateur. Par chance, il y en avait un dans ma ville, dans une obscure boutique tenue par des sortes de marchands de jeans et qui semblaient trafiquer sec. Prendre rendez-vous, leur amener le ST, le laisser et attendre. Plus de jeux. Sevrage brutal. L’horreur ! Le pire, c’est que le lendemain même de la panne, je recevais Chaos Strikes Back, la suite de Dungeon Master que j’avais commandée plus tôt. Et je ne pouvais pas y jouer ! J’avais la boîte et les disquettes dans les mains, mais pas la machine. Putain ! Je ne suis pas prêt de l’oublier celle-là ! Les copains se foutaient de ma gueule. C’est vrai qu’il y avait de quoi rire.


C’est là que j’ai pris conscience à quel point la chose était devenue vitale pour moi. Tant que c’est là, on n’y pense pas, mais quand il y a un énorme vide sur la table à la place de votre machine, vous comprenez ce que vous venez de perdre. Les récits de crises d’hystérie chez les plus accros à Facebook ne manquent pas en cas de panne de réseau. J’ai essayé de compenser avec ce que je faisais avant de recevoir cet ordinateur, lecture, musique etc. Mais ça me semblait fade, triste et chiant. Je me demandais comment j’avais pu vivre avant sans ordinateur chez moi. Je m’étais salement embourgeoisé en un an…
Un long mois plus tard, le ST était de retour. 600 balles de réparation. Ayant tout claqué en jeux l’année passée, je n’avais plus d’argent. Mes parents payèrent la note en tirant de la gueule. La leçon porta tout de même ses fruits, j’arrêtais de tabasser l’ordinateur quand je perdais pour me tourner vers ma manette. Je me disais que ça coûterait moins cher à remplacer si elle devait casser… Et Chaos Strikes Back était moins bon que Dungeon Master finalement.

Lycée, rencontre avec un PC 1512 Amstrad pour les cours. Largement oubliable. Petite anecdote amusante à ce propos, la salle des ordinateurs fut cambriolée un soir. Mais les PC étaient rivés aux tables. C’était bien trop lourd à emporter. De dépit, et sans doute pour ne pas rentrer les mains vides, les mecs ont volé toutes les boules dans les souris !
Second été passé à jouer. Ce fut le plus légumier de toute ma vie je crois. Je ne suis quasiment pas sorti, quittant ma chambre juste pour faire mes besoins naturels et si j’avais pu les faire dans ma chambre, je l’aurais fait. Je vivais à l’envers, dormant jusqu’à 16h et jouant toute la nuit. J’allais me coucher quand le jour commençait à poindre, mon père se levait pour aller bosser. Je mangeais aussi à l’envers, le déjeuner le soir et le dîner à 03h du matin et des tonnes de grignotage le tout devant l'écran évidemment. Mon tour de pantalon s’en ressentit sévèrement. Avec les odeurs corporelles et de bouffe mélangées, ma chambre puait et, entre la chaleur de l’été et celle dégagée par le ST et le moniteur, il y régnait une température atroce. C’est limite s’il ne fallait pas une combinaison étanche pour y entrer. On a tous connu ça je suppose. Paradoxe terrifiant, cette modernité vous fait vivre dans les mêmes conditions qu’une grotte préhistorique !
Cet été fut surtout passé à apprendre à voler. Je jouais à Falcon, une simulation très chiadée d’un F-16. J’avais acheté pour 300 balles la boîte complète, avec l’épaisse notice en français et le « mission disk », des missions supplémentaires donc. Je pris goût à ces jeux en 3D, nécessitant un peu de cervelle. Ça me changeait des shoot-them-up.



Malgré un bug du programme arrivant comme un cheveu sur la soupe, venant peut-être du TOS du ST et faisant complètement planter le programme, je me suis beaucoup amusé avec ce jeu qui était très réaliste. Les différentes vues 3D en jetaient. Atterrir était une vraie galère, j’ai dû y arriver une fois ou deux, pas plus, et sans doute avec beaucoup de chance. Les combats aériens me bottaient bien plus, avec les G encaissés (voile noir ou rouge suivant l’inclinaison de l’avion) et bien sûr le coucou touché par des balles, ou pire, un missile ennemi. Si le moteur et quelques trucs vitaux, comme les freins, fonctionnaient toujours, vous pouviez rentrer vite fait mais le coup de la panne brutale était souvent fatal. Votre oiseau désormais sans ailes redevenait vulnérable à la gravité et c'était la chute. Vous pouviez tenter le siège éjectable mais c’était prendre le risque d’être capturé par l’ennemi, ou tout simplement de vous planter façon Top Gun.
J'aimais aussi les missions de bombardement, avec un avion très lourd à cause des bombes et des réservoirs supplémentaires embarqués. Je volais au ras du sol pour éviter les batteries de missiles sol-air (SAM) puis, une fois en vue de la cible à bombarder, vite, prendre de l'altitude, plonger en piqué dessus, larguer son caca, remonter, s'assurer que la cible est bel et bien détruite avec une petite vue arrière, puis dégager fissa en post-combustion. J'écris ces mots avec un sourire, signe de bons souvenirs pour moi.

Autre révélation pour moi, Kick Off 2, et cela allait bien avec le moment puisque nous étions en pleine période de la coupe du monde de football. Comme c’était en Italie, on se fadait tous les matchs en direct. Je déteste le foot, depuis toujours. Enfin, depuis la demi-finale France-Allemagne à Séville en 1982. Les connaisseurs me comprendront. Et pourtant, j’ai joué à n’en plus finir à ce jeu.



Kick Off 2 eut ses fans et ses détracteurs, ces derniers lui reprochaient le fait que la balle ne collait pas aux pieds des joueurs. Mais c’était bien plus de la simulation de foot qu’autre chose ce jeu. Ayant des graphismes assez moches et un son crachouillant, tout avait été misé sur l’animation. Comme je le disais plus haut, ici, le ballon ne colle pas aux pieds des joueurs. Il faut le contrôler sans arrêt puisqu'il est soumis aux lois de la physique. Alors c'est bien simple, vous pouvez tout faire avec. Passe, tir fulgurant, coup de pied enveloppé, brossé, tête, aile de pigeon, claquette, tacle, retournée, lobe toute distance (même au milieu du terrain !) etc. Le tout avec un seul bouton ! Autant vous le dire de suite, avant de réussir tout ça, la prise en main sera longue. C'est un coup à prendre mais alors, quel pied quand ça marche et que l'on marque !
Ce jeu me donna d'énormes émotions de beauf mais aussi mes plus belles colères. La disquette a parfois volé dans la chambre, elle s’est même éclatée contre le mur un soir… Par chance, c’était de la copie, il suffisait d’emprunter celle d'un pote et en avant pour la copie de copie.
Encore maintenant, j’y joue parfois, par émulation évidemment. Et c'est comme avant. Il peut m’arriver de hurler comme un goret si j’arrive à marquer à la dernière seconde ou de fracasser ma manette si je me fais cravater. C’est également ce jeu qui m’a valu de briser tant de manettes plus tard. Quand j’ai découvert l’émulation du ST sur PC au début des années 2000, je pouvais péter 4 manettes par an rien qu'avec Kick Off 2. Un jeu dangereux pour moi, et pour mes nerfs.

Découverte de la Game Boy fin 90 qui venait tout juste de sortir en France. Le Printemps avait un étage entièrement dédié aux jeux vidéo à cette époque et plusieurs Game Boy étaient en libre-service, pour jouer à Tetris. Avec un pote, on en a passé des heures à jouer à l’œil…


Gardant en tête le bon souvenir du prêt de la Sega Master System l’année précédente, j’en rachetais une d’occasion dans le même magasin qui avait réparé mon ST. Deux machines à la maison, ça commençait à devenir sérieux. Je sortais encore moins qu’avant. J’amorçais également un virage vers le Japon et ses bécanes.
La petite Sega m’apporta elle aussi ma dose d’orgasmes avec des tas de jeux, pourtant très chers, 350 balles la cartouche. Et là, de piratage, point. Il ne fallait pas se tromper dans le choix des jeux à ce prix-là. Par chance, je n’ai jamais eu à me plaindre. Citons parmi tous ceux que j’ai pu avoir Spider-Man VS The Kingpin, R-Type, probablement sa meilleure conversion toutes machines confondues. C’est bien simple, j’ai vu ce jeu tourner en démo au Virgin Megastore sur une télé, je l’ai commandé le soir même chez Micromania, Thunder Blade, un classique de cette console bien que trop difficile, Mickey Castle Of Illusions et Psycho Fox, mon jeu de plateformes préféré sur cette console.



Le ST continuait de tourner. Xenon 2 fut l’une des claques de l’année 90. Son intro samplée me servit assez régulièrement pour en mettre plein la vue à des potes toujours sous 8 bits qui regardaient ça avec un mélange de fascination et de dégoût.



L’année 91 fut la plus riche et la plus belle du ST question jeux mais aussi, sans doute, la dernière. Alors que l’Amiga proposait des jeux très semblables au ST depuis le début, à cause de la paresse des développeurs, ne se contentant que d’un simple portage à peine modifié, d’autres éditeurs plus sérieux et sentant le potentiel de la machine de Commodore, se mirent en tête de sortir des jeux l’exploitant véritablement. Psygnosis inaugura le bal avec Shadow Of The Beast et tant d’autres par la suite. Au menu, jeux en 256 couleurs, voire plus, scrolling parallax, son stéréo digitalisé. Le ST, qui n’avait jamais été conçu pour être un ordinateur de jeux, mais une machine polyvalente et familiale, ne pouvait plus suivre et laissa la place de number one à l’Amiga. Son règne commençait mais le ST était toujours là et les éditeurs le nourrirent encore pendant longtemps avec de très beaux et bons titres. Gods et Another World furent des jeux qui comptèrent sur cette bécane cette année.



L’été 91 fut moins légumier que le précédent, même si l’achat d’une compilation, Le Monde Des Merveilles, versant dans le jeu japonais, ne me fit pas du bien. Je découvris avec enchantement l'excellent The New Zealand Story, Super Wonder Boy, aussi intéressant que sa version console, Bubble Bobble, répétitif et avec une musique insupportable, et surtout Rainbow Islands qui devint mon jeu de plateformes favori sur cette machine. Je rends hommage au programmeur Andrew Braybrook pour son travail sur cette conversion magistrale.



La fin 91 vit déferler un tsunami de jeux incroyables sur le ST. Hélas, de nombreux traîtres le larguèrent à ce moment-là pour l’Amiga, ce qui me fit perdre l'essentiel de mes contacts pour avoir des news crackées. J'étais bien emmerdé. Heureusement, le hasard me vint en aide en m'apportant sur un plateau une connaissance un peu naïve qui avait aussi un ST. C’était le genre à demander ce qu’il fallait acheter comme jeux… Quelle personnalité ! Après quelques phrases bien emballées, et suivant à la lettre mes conseils comme un jeune jedi en apprentissage, je le convainquis d’acheter les meilleurs jeux du moment : Prince Of Persia, Epic, Vroom, Panza Kick Boxing, et le fabuleux, et désormais culte, Maupiti Island.



Je n'avais pas fait ça par bonté d'âme. De par notre "amitié", je savais que j'en profiterai un moment ou à un autre, mais pas à ce point-là. En effet, une fois les disquettes reçues, mis à part Vroom, aucun de ces jeux, pourtant tous excellents sur le plan de l’intérêt et de la réalisation, ne lui plurent. Il était d'accord pour dire qu'ils étaient beaux, bien fichus, mais ça s'arrêtait là. Pour le reste, c'était trop difficile d'accès. Ben oui, il fallait s'accrocher un peu dessus et parfois même réfléchir sur certains. C'était de trop pour lui. Il préférait nettement jouer à un bon Final Fight sur sa Super Nintendo… Vous voyez le niveau. Et comme ces jeux ne le bottaient pas des masses, il me les prêta un long moment. Et voilà comment on joue à l’œil.

A suivre.

5 commentaires:

  1. Dare Dare Motus21 mars 2013 à 20:46

    Micro News... Je ne pensais pas que ces photo de "cul" étaient encore si présentes dans mon esprit ! J'ai bien dû m'user les rétines dessus même si, contrairement à ce que vous dites dans l'article, je n'ai jamais été puceau...

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    1. Non bien sûr, comme nous tous à cette période... :D

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  2. A propos du reportage en lien sur Romand : les deux dernières minutes sont sidérantes ! Le docteur Devaux échoue totalement, malgré tous ses efforts, à dire ce qu'il pense de cette histoire et à qualifier celui qui fut son meilleur ami. Il bafouille, il hésite, se ravise, et finalement ne formule rien : c'est l'innommable.
    Cela me fait penser à cet aphorisme de Nietzsche si souvent cité à toutes les sauces, mais pour le coup qui prend tout son sens : "quand tu contemples l'abîme ..."

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    1. Le Dr. Devaux est un peu neuneu sur les bords, il ne sait pas s'exprimer correctement. La plupart de ses interventions sont chaotiques et décousues. On peut mettre ça sur le stress de la caméra mais depuis le temps qu'il parle sur son ex ami Romand, il devrait être habitué.
      Pour ce qui est de son avis perso sur toute cette histoire incroyable, je dirai simplement que c'est le fruit de ce genre de milieu qui ne sait vivre que par la vitrine, la réussite professionnelle et sociale, on invite des gens chez soi juste pour leur montrer qu'on a la dernière grosse voiture à la mode, un ensemble vidéo, une grande maison, bref, son fric! Pour épater la société, prouver des choses aux autres et aussi soigner ses complexes. On est en rivalité permanente. Il n'y a pas d'amitié réelle, les qualités humaines, on s'en fout. Ces gens-là sont creux, toujours à la recherche d'une jolie armure dorée pour masquer leur vide intérieur. Romand, qui rêvait de cette armure, l'inventait et tout le monde gobait parce que c'est ce qui régissait toute leur vie. Et plus c'était énorme, plus ça passait. Et puis c'était valorisant aussi pour eux de dire ensuite que l'on était ami intime avec un fameux docteur bossant à l'OMS et qui fréquente Kouchner ou Bardot... On se reprochait du cercle des "puissants" et des soi-disant élites. Par sa recherche de vanité, Romand entretenait celle des autres qui s'y livraient de bonne grâce. Sa femme l'a épousé juste pour ça d'ailleurs, pour toute cette vitrine bidon. Toute cette affaire est passionnante sur le plan humain. Je ne m'en suis toujours pas remis.

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    2. Moui. Pas 100% convaincu par cette analyse en tout cas concernant tous les protagonistes. Ok pour sa femme qui l'a d'après le reportage aimé quand il a été "parvenu"... mais pour son ami comme Devaux, je crois qu'il faut écouter ce que dit ce fonctionnaire de ses amis aussi : pourquoi douter ? Si je te dis que j'ai un bon boulot, que je me fais 20 plaques par mois et que j'ai le train de vie qui va avec, que tu m'apprécies et que rien ne vient te nuire à ce sujet, pourquoi douter ? Et par extension ... Pourquoi, pourquoi, pourquoi mentir ??? Cette fuite en avant me provoque, me terrifie et me fascine. J'ai comme toi rencontré un mytho pur et dur dans ma jeunesse, il s'est tassé avec l'âge, il est toujours de mes amis (il a viré "marseillais" seulement on va dire, il s'assume maintenant) mais à l'époque c'était énorme ! Heureusement que j'ai eu un type comme ça tôt dans mon parcours ça m'a fait comprendre le mensonge et éviter les pires exemplaires ...

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