mardi 16 avril 2013

MES ANNEES INFORMATIQUE - PARTIE 4 - ZOOMS, FANZINES ET BOULES DU DRAGON

Ma récente review de la figurine Boomer, où j’évoquais rapidement mon addiction passée aux jeux vidéo, m’a donné l’idée de pondre une sorte de « parcours du combattant » de l’informatique façon vieux con. Toutes les machines que j’ai eues ou vues. Voyant que cela allait encore être un pavé complet, j’ai décidé de splitter cet article en plusieurs morceaux, voici la quatrième partie. La première est lisible ici, la seconde , la troisième ici.

1993

Travaillant à ce moment-là, mais n’ayant aucune facture à payer ni de frigo à remplir pour raison de parasitage parental, j’étais plein de fric même si l’argent me brûlait les doigts. Ma vision des choses était simple: quand j’avais envie de quelque chose, même mineur, je ne me posais pas de question, je l’achetais, point. Si le truc ne me plaisait pas, je le revendais de suite. Ni remord ni regret. J'allais à 100 à l'heure à ce moment-là. Au menu, bouquins, Cd, manga, que je venais tout juste de découvrir fin 92, goodies, et bien évidemment jeux.
Dans les tous premiers jours de cette année 1993, je m’offris une Super Nintendo avec le jeu Street Fighter II pour 1500 frs le tout. J’en avais marre de jouer en arcade, comme je l’ai déjà raconté ici. Et puis cette console surpuissante pour l’époque, avec ses zooms et ses rotations, me faisait baver. On larguait l’Atari ST, qui entamait son naufrage, et la bonne vieille Sega Master System, même si je continuais d’alimenter régulièrement ses connecteurs en nouvelles cartouches, pour passer à la modernité.


Cette console, malgré un aspect assez terne, encore que la version américaine, entièrement recarrossée, était bien plus laide, mit en rotations tous mes sens. Je n’arrivais pas à croire ce que je voyais sur mon écran. Je savais que j’avais un monstre en ma possession. Elle devint aussi importante qu’une femme ! J’ai menti pour elle, comme je l’ai écrit ici. Je me suis (presque) ruiné pour elle. A 500 balles le jeu en moyenne, voire plus parfois, il fallait avoir les moyens. Je les avais, alors feu à volonté !


Tout le mois de janvier 93 se passa devant Street Fighter II évidemment. On était très proche du jeu d’arcade et là, plus besoin de mettre de pièces. J’ai joué, et joué et rejoué… Cette version fut la plus dure des quatre jeux sur ce titre qui sortirent sur cette console, avec des adversaires incroyablement puissants, comme Vega par exemple qui vous laminait la gueule sans que vous ne puissiez rien faire.


Jamais je n’ai autant haï un personnage que celui-ci, avec ses enchaînements ultra rapides et sa putain de jambe tendue qui a priorité sur presque tous vos coups. Il m’a fallu du temps pour découvrir comment l’allonger et ce fut une quasi jouissance lorsque je compris l'astuce. Encore aujourd’hui, quand j’y joue, je prends un grand plaisir à le démolir à petit feu pour bien qu’il souffre comme j’ai souffert lorsque j’étais un noob face à lui.



Super Ghouls’n Ghosts suivit très vite SFII puis le merveilleux Axelay, acheté 570 frs (argh!) mais véritable démo totalement jouable pour la Super Nintendo et qui enterrait définitivement la Megadrive alors en concurrence frontale sur le plan des consoles 16bits. Atari ST VS Amiga, Master System VS NES, SNES VS Megadrive, il y aura toujours ce genre de guéguerre entre fans et si bénéfique pour l’économie des éditeurs…



Je découvris Zelda A Link To The Past en avril 93, beau mais un peu facile. J’avais déjà eu une répétition de ces jeux d’aventure avec l'excellent Golden Axe Warrior en 1991 sur Master System, qui pompait tout à Zelda mais que je découvris tout de même en premier, bizarrerie de la vie... Je les préférais nettement aux jeux de rôles, catégorie que j’avais survolée, toujours sur Master System, avec Miracle Warriors, et qui m’avait profondément emmerdé. Les combats à programmer, à faire et refaire toujours les mêmes combinaisons, chacun son tour, c'était terriblement répétitif. Un ennemi arrive, je l’attaque, il perd 5 points, il m’attaque, je perds 10 points, je lance un sortilège, il l’évite, il m’attaque, je perds 120 points, je lance le bâton magique, il lévite et l'évite, il m'attaque, je perds 5634156320456 points, je lance la cartouche dans le mur en hurlant, il l’évite… C’était gonflos ! Les jeux d’aventure, c’était bien plus libre et moins dirigiste.


Ce Zelda fut dégusté dans un luxe de consommation frénétique : une nouvelle chaîne HI-FI, une nouvelle télé, des tonnes de Cd et de bouquins, des places de concerts... Je gagnais bien mes points de vie, et comme je n'avais aucune responsabilité, tout était dédié aux loisirs. Encore une preuve de cette fête du slip perpétuelle à ce moment-là : en plus de Zelda, j’achetais en même temps le jeu Mickey Land Of Illusion pour ma Sega Master System et véritable chef-d’œuvre de jeu de plates-formes. J’avais claqué plus de 700 balles le même jour en jeux. Mon dieu…



Eté 93. Après le départ de mes parents en vacances, la réception de mon premier synthé et une semaine passée à jouer au gentil couple avec ma nana de l’époque, semaine avortée pour cause de poliotage réciproque, je me remis devant mon écran pour jouer à Super Mario World que je venais de m’offrir fin juillet et c’était finalement aussi bien !


Quel jeu ! C’était mon premier Mario et il semble en avoir marqué plus d’un. D’ailleurs, c’est bien simple, Nintendo depuis nous ressort sans arrêt des versions modernes de ce jeu. Il m’en a fallu du temps et de la persévérance pour voir s’afficher sur ma sauvegarde la petite étoile devant le chiffre « 96 », montrant ainsi que j’avais découvert et fait tous les niveaux, mêmes les plus secrets. Jamais je n’oublierais l’enfer que fût la Star Road et son level « tubular » absolument démoniaque.



La poussière commençait à s’entasser sur mon ST. De moins en moins de jeux sortaient dessus vu que tous les éditeurs ne juraient plus que par l'Amiga. Mais pour continuer à le faire chauffer, je lui fis prendre une nouvelle orientation. Je me remis à écrire et à composer des fanzines, chose que je n’avais plus faite depuis la fin des années 80. Les traitements de texte Le Rédacteur puis 1rst Word Plus m’aidèrent à composer mes articles et mes pages. Empruntant l’imprimante d’un pote, je sortais tout ça et, à coups de photocopies, coupages au cutter, collages, Tipp-Exx et autres rectifications à la hache, je bricolais des fanzines sur tout et n'importe quoi (jeux, comics, musique etc.), et que je vendais par le bouche à oreille. Autant dire que je dépassais rarement les 30 exemplaires vendus. Mais c'est ça les fanzines.
Par ce même bouche à oreille, je me mis à rencontrer d’autres gens dans le même trip que moi, dont des Apple fans. C'est toujours sympa de découvrir d'autres personnes que soi, qui ont d'autres méthodes de travail, d'autres visions, mais qui sont dans le même milieu. On se dit qu'on n'est pas seul. Hélas, ici, on me fit bien comprendre que je ne faisais pas partie de leur club. Moi j’avais un Atari 520ST et une imprimante bas de gamme. En gros, 5000 balles de matos. Eux avaient un Mac avec l’imprimante laser, coût total : + de 100 000 frs ! Donc, eux étaient des pros et moi un con. Et ils me le faisaient bien sentir, avec toujours ce même argument : le prix fait le professionnalisme ! Il était impossible de parler avec eux d'égal à égal. Il fallait être comme eux et avoir leur sacro-saint matériel. Si on ne l'avait pas, c'était mépris et moquerie. Creuse-t-on un trou plus grand avec une pelle en or ? Je ne crois pas.


Comparant nos ventes de fanzine, j’eus une crise de rire en constatant que, non seulement j’écrivais mieux qu’eux, mais surtout que je vendais bien plus de papier. Mais même avec ça, rien à faire : « Nous, on est des pros ! On fait des trucs pour les pros, et les pros sont rares ! » Irrécupérables. C’est là qu’est venue ma haine d’Apple, et c’est bien dommage car vu les nombreuses heures passées sur l’Apple II de ma voisine, voir partie 1, la camaraderie aurait pu se faire. Et ce comportement d'élitistes snobs n’a jamais varié sur la plupart des "pommés" que j'ai pu rencontrer par la suite. Pire encore, ça s'est répandu au moindre gogo se payant un iPod ou iPhone. On se souvient de la pub Orange: "Vous n'avez pas d'iPhone? Alors, vous n'avez pas d'iPhone!" Ça veut tout dire.
Vous commercialisez quelque chose et vous voulez que ça se vende? Faites comme Apple et misez tout sur les plus mauvais côtés des gens, leur complexe d'infériorité, leur désir de plastronner, de revanche sur l'autre et leur manque de personnalité.

La fin 93 se passa devant le très bon Super Star Wars puis Street Fighter II Turbo Hyper Fighting, acheté juste pendant la période de Noël. J'avais un peu peur de me payer un doublon de SF2 mais les améliorations notables de la cartouche me firent oublier cette mauvaise impression. Elle permettait, d’une, de jouer avec les boss, et de l’autre, d’accélérer le jeu, jusqu’à la rendre injouable d’ailleurs. C'était une version bien moins difficile que la précédente. On s’aperçoit de suite que jouer avec Bison n’est vraiment pas facile et qu’il est plutôt faible et handicapant qu’autre chose. Il n’y a que le programme qui sait bien s’en servir finalement.



Toujours aussi fou, je me payais en même temps la cartouche Super Mario All Stars. Croyant que j'allais revivre la même expérience ludique qu'avec Super Mario World l'été passé, je fus assez déçu de constater
que l'animation de Mario dans les quatre jeux proposés n'était pas fameuse. Le plombier avait le cul lourd et s'arrêtait difficilement quand il prenait de l'élan. Pas génial. Mis à part le Super Mario 3, j'ai à peine toucher aux autres versions.




1994

Tout comme mes parents, je ne suis pas un joueur d'argent, je n'ai pas ce vice. Les champs de courses ou les casinos ne me font aucun effet. Je pourrai les traverser avec de la monnaie dans les poches sans même penser à les jouer. Mais il m’arrivait de prendre chez le marchand de journaux des tickets à gratter de la Française Des Jeux, juste pour me marrer. Un jour, après avoir raflé les comics Semic du mois, comics que je ne lisais même plus mais que j’achetais juste pour continuer la collection, il me restait 5 frs de monnaie. Je n'aurais pas été plus riche à la fin du mois en les gardant dans ma poche alors, hop ! On prend un Banco. On ne sait jamais. Je rentre chez moi, je gratte et paf ! 500 balles ! Ouuéééééé ! Ça fait son effet !
Que faire de ces sous providentiels ? Les mettre de côté ? Commencer un PER ? Un livret A ? Non mais ça va pas non ? Rien à foutre de tout ça, c'est de l'argent jeté par les fenêtres, et je serai mort avant de toute façon ! Quand je pense qu'il y a des gens qui attendent d'être vieux pour vivre... Vivons dans l’instant présent et allons les claquer tout de suite dans un truc qu’on ne pouvait pas se payer une heure auparavant. On a tous une gougouille en tête à acheter, c'est pas les idées qui manquent, c'est simplement l'argent. Je m’offris donc la manette de la mort pour ma Super Nintendo, la Super Nes Advantage de chez Asciiware. 450 balles je crois.


Très lourde, énorme, conçue pour être posée sur une table, un gros manche très solide, de larges boutons, des fonctions auto-fire avec des turbos réglables, j’étais le roi du pétrole ! Elle était réputée indestructible. Et quand on sait ça, on se lâche deux fois plus dessus. Ce qui fait qu’elle a duré un an en gros. Je l’ai détruite à coups de poings, enfonçant définitivement les boutons jaunes et rouges lors d'une de mes crises. C’est l'excellent jeu F-Zero qui lui fut fatal.


Avec Kick Off 2, F-Zero est le jeu qui m’a le plus fait péter les plombs dans ma vie. Je me suis découvert grâce à lui une mentalité de gros beauf lorsque je conduisais un véhicule à l’écran. Entre les lambins qui n’avancent pas sur la route et ceux qui me bloquent le passage exprès, c’est IN-SUP-POR-TA-BLE pour moi. Une chance que je n’ai pas le permis car je sais que je deviendrais un de ces tarés au volant, hurlant à la mort à la moindre bonne femme avec un landau sur un passage clouté. Je ne supporte déjà pas les gens qui n’avancent pas sur les trottoirs, alors sur la route… C'est proportionnel à la vitesse je crois, plus ça va vite et plus on m'arrête dans mon élan et plus je deviens fou. La psychiatrie doit pouvoir expliquer ça...



Je lisais Dragon Ball depuis deux ans et de deux façons. Vu les prix des manga en VO, 50 balles pièce, et comme je me constituais l’intégrale de Ranma à ce moment-là, et que le plus célèbre bique et bouc de l’histoire avait priorité sur tout, j’avais coupé la boule de cristal en deux. Je lisais les premiers tomes, l’enfance de Gokû, en français grâce aux petits pockets bi-mensuels de Glenat qui venaient tout juste de sortir, et en japonais pour la version DBZ, avec les blondinets balançant des rayons par tous les orifices. On en était à Trunks à ce moment là, qui était une bonne histoire malgré tout, surtout pour le côté temporel.
Club Dorothée oblige, je commençais à être dérangé à la librairie japonaise Junku à Rivoli par des gamins idiots, se ramenant après la fin de leurs cours à la primaire ou du collège et bousculant tout le monde avec leurs cartables, pour acheter des cardass japonaises… Ils doivent avoir la trentaine maintenant. Si certains se reconnaissent là-dedans, sachez que vous m’avez fortement agacé et que j’ai souvent pensé à vous jeter vivant dans un broyeur à viande, cartable inclus ! Rendez-vous ici pour un instantané de ces années 90.


Je lisais Dragon Ball donc, et j’y jouais aussi. Enfin, j'aurais voulu y jouer. Le jeu que tout le monde attendait sur Super Nintendo était Dragon Ball Z Super Butôden 2. Le jeu était dispo au Japon et ce qu'on en voyait dans les magazines nous faisait immédiatement changer de slip. Après avoir un temps sérieusement envisagé de l’acheter en import, avec un adaptateur, ce qui portait le tout à plus de 800 frs, je décidais sagement d’attendre la VF. Ce fut long.


Enfin officiellement sortie, en mai ou juin je crois, et rebaptisée Dragon Ball Z – La Légende « Saien » (hum…), j’entamais un marathon de la mort pour trouver cette cartouche vitale par tous les moyens. Les réponses furent décevantes.
La VPC ? « On n’en a plus ! Et la liste d'attente est de deux ans ! »
Le Printemps ? « On n’en a pas ! »
La Fnac ? « Le mois prochain, pas avant ! »
Les petits vendeurs ? « On en a, mais c'est 1000 frs la cartouche, sans boîte, sans garantie, avec l'étiquette déchirée et un coin de la cartouche qui est cassé, c'est à prendre ou à laisser ! Ne réfléchis pas, prends ta décision tout de suite, y'a déjà deux mecs sur les rangs, allez, grouille ! »
Pffff… Exténué, et après avoir hésité, je me rendis au Virgin Megastore, sans trop y croire. J’aurais dû. Un pan entier de boîtes bleues et jaunes, contenant chacune la cartouche tant convoitée, m’attendait ! Putain ! J’en raflais une de suite, suppliais la caissière de prendre mes 450 balles et rentrais chez moi comme un automate. A la sortie, éjaculation à gogo de Kamehameha et de Final Flash ! Ce fut mon jeu de l'été 94 sur Super Nintendo.
Quand je le revois maintenant, je me fais pitié car, même s’il n’est pas mauvais, c’est loin d’être un super titre… L’animation est raide, les musiques pourries, sans parler de la traduction française chaotique qui fait encore rire beaucoup de monde 20 ans après. On était loin du travail de Véronique Chantel…



Pour rester informer, j’achetais des magazines français « spécialisés », comme Consoles +, Joypad et Player One. Je mets le mot « spécialisés » entre guillemets car ils étaient surtout spécialisés dans la repompe. J’eus un véritable choc en constatant l’intense pillage auxquelles se livraient ces revues en feuilletant par hasard les équivalents nippons, comme Famicom Tsushin par exemple. La seule originalité dans les versions françaises était leur incroyable capacité à se branler mensuellement. Outre le trip « ma binette partout », ce qui n’était pas un cadeau quand on voyait les mignonnes petites bouilles qu’ils avaient tous ou presque, et les sections « manga/anime » qui fleurissaient parce que DBZ et Sailormoon cartonnaient, avec des gens chroniquant des manga en VO tout en avouant à la ligne suivante ne pas savoir lire un seul hiragana, certains de ces magazines s’amusaient à faire des romans-photos avec leurs testeurs. C’était pathétique. Ils se mettaient en scène, balançant des private jokes issues de leur rédaction, et donc que personne ne comprenait sauf eux-mêmes, tout en se croyant très drôles et plein d’esprit…


Toute cette masturbation me gonfla très rapidement et je larguais ces comiques nés pour me diriger vers la presse nippone que j’achetais chez Tonkam ou Junku. Ce n'était pas très économique, avec le prix d'un seul Famicom Tsushin, je pouvais me payer deux magazines français, mais qu'importe. Il fallait stopper d'engraisser ces cons-là. En plus, c’était parfait pour continuer à m’exercer au japonais que j’assimilais à vitesse géométrique grâce à mes traductions non-stop de manga et de paroles Jpop. Les cours particuliers étant inabordables, j'avais opté pour la méthode solitaire. Un ou deux dicos, un lexique de kanjis, un peu de neurones, de mémoire et de déduction, et en avant! J’avais appris l’anglais de la même façon au collège, en traduisant a-Ha et Depeche Mode. Méthode simple et bien plus stimulante que les bouquins d'école si rébarbatifs. En 95, avec l’aide supplémentaire d’une correspondante japonaise, jusqu'en 98, j’avais vraiment acquis un bon niveau. J’ai quasiment tout perdu depuis, c’est triste.

Même si j'avais les moyens, les jeux Super Nintendo officiels étaient horriblement chers. Et comme on ne pouvait pas les pirater à cette époque, c’était « achète ou casse-toi ! » Douce époque pour les éditeurs. Mais on pouvait quand même ruser en passant par l’import. Certes, les nouveautés étaient toujours aussi chères, voire plus encore (les cartouches à 900 frs étaient courantes) mais je n’ai jamais été une fashion victim à qui il fallait toujours « LE » dernier jeu à la mode, et des tas de titres secondaires, non importés pour des raisons de choix ou de droits, valaient largement le coup. De plus, les hits parus les mois, voire les années, précédents étaient désormais bradés. Et quand on les avait loupés, c'était une chance de s'offrir un jeu d'enfer à moindre coût. Je découvris une boutique de VPC qui vendait de l’import à foison, neuf, et à des prix souvent sacrifiés. A 200 balles la cartouche, franchement, pourquoi se priver ?


Mais pour les faire tourner, il fallait bidouiller la console, sinon, c'était l'écran noir assuré. Désireux de jouer à ces jeux dont je savais qu'ils ne sortiraient jamais en France, je fis modifier ma Super Nintendo dans une boutique de Paris pour 150 frs je crois. C'était le tout début des modifications de machines, chose qui deviendra courante par la suite. Un petit interrupteur sous le côté droit lui fut ajouté. J’étais désormais paré. J’introduisais une cartouche japonaise dans ma console européenne (même format, pas besoin d’adaptateur comme avec les consoles américaines), j’allumais, un coup de bouton et hop ! 60hz ! Tout fonctionnait parfaitement. Un parc gigantesque de titres officiellement introuvables en Europe s’ouvrait à moi et je ne me suis pas privé ! Uchû Race Astro Go-Go fut l’une de ces perles nippones pour moi, une sorte de F-Zero en version kawaii :



Et surtout, je pus jouer aux jeux de baston sur Ranma, qui était mon manga préféré. Sur les trois jeux déjà sortis au Japon, on n'avait eu droit qu'à un seul en France, sorti en 92 et traduis avec les noms français donnés dans la série d’AB Productions. Akane devenait Adeline, Ryôga, Roland etc. Une catastrophe ! Ranma 1/2 Chôgi Ranbuhen fut un jeu acquis avec un vrai plaisir pour moi tant les graphismes respectaient la série. Il fut massacré par les cakes français évoqués plus haut dans leurs magazines pourris avec la même critique : trop lent ! C'est faux, ce jeu n'est pas lent, ce sont ces miteux qui avaient leur vision de la vitesse complètement faussée puisqu'ils jouaient toute la journée à Street Fighter II Turbo en vitesse maximale ! Voilà comment on démonte un excellent jeu.



Je ne ratais pas non plus le jeu Starfox, rebaptisé Starwing pour l'Europe. C'était une première mondiale, de la 3D sur une console! Nintendo introduisit le Super FX, une puce additionnelle placée dans la cartouche capable de gérer une centaine de polygones en même temps et d'y appliquer des textures mappées.
Lancé en 1993 à grand renfort de publicité, le titre fit grand bruit dans le petit monde du jeu vidéo et fut un carton mondial. Attiré par les jeux 3D depuis l'Atari ST, j'attendis patiemment que les prix baissent pour me lancer dans son achat. Coupe double pour moi. A peine 200 balles pour un superbe jeu, même si aujourd'hui, on peut rire devant sa simplicité graphique et de ses gros blocs crantés. Il y a un début à tout.



Comme il est écrit plus haut, j’avais acheté Zelda A Link To The Past pour ma Super Nintendo l’année précédente et j’avais bien aimé, même si je l’avais terminé en moins de 15 jours. Jeu tout public oblige, et voulant dire que les gamins étaient largement visés, le niveau de difficulté n'était donc pas très élevé. Les pubs de l'époque à ce propos étaient plus ou moins mensongères d'ailleurs...


Et le Zelda sur Game Boy qui venait de sortir, Link's Awakening, semblait corriger ça. Une longue quête nous attendait. Mais j’avais pas de Game Boy. Qu’à cela ne tienne ! On va s’en acheter une ! Allez hop ! 500 balles + le jeu Zelda. Comme tout est facile quand on a de l'argent... Un Atari ST, une Sega Master System, une Super Nintendo, et maintenant, une Game Boy. Cela faisait quatre machines chez moi. Le grand luxe !



Comme l’an passé avec Super Mario World, je passais mon été 94 à jouer, avec ce Zelda cette fois et, console portable oblige, en vacances. Ce fut un Zelda assez ardu qui me fit de l’usage. La Game Boy était poussée dans ses derniers retranchements et, malgré un son bip-bip et un graphisme monochrome, la magie fonctionnait parfaitement. La fin est superbe. Ce n'est pas encore le même traumatisme que l'ocarina de Stelli pour moi, mais la chanson du Poisson-Rêve me fait un certain effet.
Malgré ce superbe jeu et tout le plaisir que je pris à le finir, je constatais assez rapidement que je n’étais pas fait pour ce genre de console portable, l’écran était trop petit, on ne voyait pas grand-chose. J’ai acheté très peu de jeux sur cette console. Kirby's Dream Land, qui ne m’a pas du tout passionné, et Megaman IV en import, le genre de jeu bourrin et bien trop difficile. Finalement, il n'y a que Zelda et Tetris qui tournèrent dessus.
J’ai toujours ma Game Boy et je l’ai exhumée juste pour cet article. J’ai eu un choc.


J'avais acheté la petite sacoche, et oui...


Déballage de ce qu'elle contient. Le mode d'emploi, la cartouche Tetris, le jeu Kirby's Dream Land, que j'avais complètement oublié, et la Game Boy en elle-même. Gros choc en constant que toute sa façade est devenue jaune! Pourtant, elle n'était pas exposée au soleil puisque protégée dans la sacoche, je n'ai pas compris là. Plastique de mauvaise qualité et que l'air ambiant plombe avec le temps?


Je n'ai pas résisté au plaisir de voir si elle fonctionnait toujours. Ça faisait des années que je ne l'avais pas allumée. Alors on la retourne (vous constaterez que le dos est blanc lui) et on lui met 4 piles LIDL.


On allume, ça marche? Oui! Mais l'écran semble avoir morflé, il y a tout un bloc de lignes verticales sur le côté droit qui ne s'affiche pas.


Je me suis amusé à faire une partie de Tetris, y'a du mou dans la croix aussi... Mon père y a énormément joué aussi.

En novembre 94, mon ST grilla, sans doute l’alimentation, mais je rachetais pour pas cher celui du pote neuneu que j’exploitais plus ou moins, voir partie 3, avec tous ses jeux. Acharnement thérapeutique. Le ST était mort, supplanté par l’Amiga, qui allait couler l’année suivante à cause du piratage. Mais il me fallait ce bon vieux ordinateur à mes côtés, pour travailler sur mes fanzines déjà mais aussi, comme présence amicale. On s'attache.
Fin 94, à fond dans l’écriture de mes fanzines, de la traduction de mes manga, écoutant de la Jpop hyper sucrée qui me ravissait le coeur, j’arrêtais définitivement d’acheter des jeux, puis de jouer. Une page se tournait. J’allais avoir 22 ans et je me trouvais trop vieux pour tout ça. De nouvelles consoles commençaient à poindre, 32bits, 64bits, 128 même. On n'en finissait plus. J'étais lassé.
Mon dernier jeu acheté fut Dragon Ball Z Super Butôden 3, en import. Reçu le matin, joué à midi, délaissé le soir même. Il faut dire que c’était un beau foutage de gueule. Dans le genre « recyclage du titre précédent », on ne fait pas mieux ! Bandai s'est bien goinfré...



A suivre

15 commentaires:

  1. Concernant la "lenteur" des jeux, il faut savoir aussi que les consoles Europe étaient cadencées à 50Hz et non 60Hz comme en Asie et E.U. ayant pour effet de sacrément ralentir les titres sous nos latitudes.
    Tous les jeux en ont fait les frais sauf, évidemment le SF2-Turbo qui permettait 4 niveaux de vitesse (10 si on entrait le code kiféchier-ilzorè-papu-lemeth-debaz?).
    D'ailleurs c'est un problème qu'on se traînait depuis toujours et qui n'a été résolu que récemment sur les consoles, à défaut je dirais la dernière génération PS3/XboX360 bien que je me demande si ce n'était pas déjà réglé lors de la gen PS2/Xbox, ce qui est sûr c'est qu'ayant pris l'habitude de jouer sur ma PS1 modifiée à Tekken3 vitesse d'origine, il m'arrivait de prendre des pilées monumentales sur la version Française, ralentie et donc décalée dans la synchro des contres.
    Pour revenir à la SNES, il a existé très tôt les Z-Doctor et compagnie qui non seulement faisaient office d'adaptateurs région mais qui en plus permettaient de dumper les jeux sur disquettes 3,5".
    À l'époque je savais que ça existait mais je n'en ai vu fonctionner que bien plus tard quand la SNES n'était plus vendue, un ami asiatique en avait un et une sacré collection de copies.

    Enfin je te rejoins sur les DBz mais on n'avait que ça, j'ai adoré le 2, je l'ai fini dans tous les sens possibles (as du contre oblige) et comme toi, j'ai boudé le 3, je l'avais essayé chez un ami mais, alors qu'il était indéniablement plus beau que son prédécesseur, j'avais trouvé que c'était une régression en terme de gameplay.
    Je finirai sur les Zelda: comme toi, il m'a fallut moins de 15 jours pour le finir à 100% la version SNES, en revanche, une seule semaine a suffit pour le Zelda de la Gameboy (c'est le seul jeu que j'ai eu sur Gameboy), il m'était difficile de ne pas voir les ficelles cachées des quêtes impossible de rester bloqué, ça reste quand même un excellent souvenir.

    C'était sympa ce petit flashback en rentrant du boulot comme ça, merci ;-)

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    1. Pour la lenteur, c'est vrai qu'on morflait en Europe avec le 50Hz. Le plein-écran était également supprimé. La totale! Mais pour Ranma, le jeu étant jap à 100%, sa soi-disant lenteur ne pouvait être imputée à ces histoires de format mais simplement à une vision déformée des testeurs. Ces connards...

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  2. Un très long article qui soulève immédiatement dès la première lecture une importante question : que peut bien vouloir dire "poliotage" ???...

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    1. Le fait de contracter un poliovirus?
      En tout cas, vu que c'est contagieux c'est comme ça que je l'ai compris.

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    2. Le poliotage veut dire: "se prendre la tête pour rien". C'est un truc assez féminin d'ailleurs. Vous savez, tout va bien et la nana se plaint encore...

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    3. Ha wé, wé, je connais...
      Mais pas l'expression en revanche.

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  3. Dare Dare Motus18 avril 2013 à 13:26

    L'auteur a t'il réellement écouté de la "jpop sucrée qui lui ravissait le coeur", ou est-ce une blague que je n'ai pas comprise ? Non parce qu'à l'écoute, ça n'a rien de sucré et ça me donne juste envie de tirer la chasse d'eau...

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    1. L'auteur plaide coupable car, malgré son bagage musical, il a toujours été très faible avec ce genre de merde peinte en rose et implore la clémence du jury. Il assume ses années de Jpop même si ce n'est pas simple.

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  4. Moi le gros joystick j'en avais un très semblable sur ma NES.

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  5. j'adore le passage sur Link's awakening...bien que sur game boy ce jeu est un chef d'oeuvre

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  6. on vient pour les gros nichons et on reste pour la plume de talent. Bravo.

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  7. Une petite explication sur le pourquoi et comment du jaunissement: http://nesavenue.wordpress.com/2010/09/20/pourquoi-les-vieilles-consoles-jaunissent-et-comment-y-remedier/

    Effectivement il n'y a pas que le soleil mais aussi la chaleur qui joue. Si ta sacoche était entreposée dans un grenier ou près d'un radiateur, ceci explique cela.

    Par contre la barre morte sur le côté, c'est bien la première fois que je vois ça!

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  8. Elle était rangée dans un placard sans aucune source de chaleur à proximité. Je pense à une oxydation du plastique par l'air ambiant tout simplement. Ça arrive, je trouve juste bizarre qu'un seul côté n'ait morflé.
    Quant à la "barre morte", c'est peut-être un mauvais coup, elle est peut-être tombée, que sais-je? Elle a 19 ans aussi, et elle a beaucoup tournée.

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    1. C'est expliqué dans l'article: seule la façade a jauni car il s'agissait d'un lot de plastique défectueux. Tes deux moitiés de coque proviennent visiblement de lots différents, l'un a résisté au temps, l'autre pas. Ma Super Nes a exactement le même aspect!

      Pour les pixels morts, je dirais aussi une chute, car je vois mal ce genre de truc apparaître sans raison (bien que des barres mortes colorées surgissent parfois sur des PC portables de qualité douteuse, mais là c'est la dalle qui est en cause, jamais eu de problème avec mes Toshiba en tous cas). En tous cas la Game Boy était une console plutôt solide et fiable, malgré le fait qu'on n'y voyait rien... je préférais jouer sur le Super Game Boy pour cette raison...

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    2. Je viens de lire l'article et, effectivement, ma théorie s'est révélée juste. Attaque de l'air ambiant sur un plastique de mauvaise qualité. J'imagine que ma Super Nintendo y aurait eu droit également vu qu'elle commençait aussi à virer au jaune quand je l'ai vendue.

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