EXPOSITION L'ART DES SUPER-HÉROS - MUSÉE ART LUDIQUE 2014

La Rouquine et moi étant quasiment parisiens, nous avions bien évidemment entendu parler de l’exposition « L’art des super-héros » qui se tient au musée Art Ludique, du 22 mars au 31 août 2014, et cela nous branchait bien d’aller y traîner nos palmes. Pensez donc, pour deux protogeeks comme nous qui ont poussé en lisant des Special Strange et autres Titans dans les années 70/80, cela promettait son content de radioactivité et de slips par-dessus ses vêtements. Du p’tit lait !

Mais les critiques lues sur quelques sites lors de son lancement nous avaient clairement refroidies. « Expo limitée, pas terrible, pas grand-chose à voir etc. » Nous avons donc repoussé la chose. J’ai même fini par l’oublier. Mais pas elle.

Lundi 18 août, midi, nous nous rejoignons pour déjeuner ensemble. Mais là, pas question de nos restos habituels. Elle me dit que nous allons quelque part, elle a même réservé des places pour ça. Inutile de lui demander où. Quand elle me fait des plans de ce genre, elle ne dira rien tant que nous ne serons pas arrivés, même sous la torture. Etant un « control freak », et n’aimant pas les surprises, ça l’amuse de me voir « m’interrogationner ».
Pas de bol pour elle, dans le bus qui nous conduit, je devine en moins de 10 mn que c’est une expo et que c'est celle sur les super-héros. Ça ne pouvait pas être celle de Star Wars, vu que je ne suis pas fan, et celle sur les jeux vidéo vintage, ouais bof, c’est sympa mais bon...
Ça ne l’a pas empêché de refuser de cracher le morceau jusqu’à ce que nous arrivions quai d’Austerlitz. C’est son côté « sale gamine » ça.

Nous y sommes. Des affiches immenses de guignols magnifiques en costumes flashy moulants nous entourent. J’avais raison. Une expo sur les super-héros Marvel… Je repense à ma jeunesse et je me dis qu’en 1979 ou 80, un tel événement aurait été invraisemblable. Que de chemin parcouru depuis !
Une borne de sécurité sur pattes, payée pour contrôler et faire semblant d’être aimable, scanne nos billets et nous laisse entrer en nous précisant que les photos sont interdites. Beuh…

Avant de franchir le portail interdimensionnel, la Rouquine et moi nous mettons d’accord. Si nous tombons sur une couv’ originale représentant Phoenix, celle de l’âge d’or des X-Men, nous lutterons de toutes nos forces pour ne pas repartir avec sous le bras…

Dès le début, nous comprenons que cette expo sera très axée sur le cinéma. Il fut un temps où le cinéma suivait la BD. C’est désormais le contraire.
Captain America ouvre le bal, le second film venait juste de sortir lorsque l’expo démarrait, alors forcément… C’est un déluge de drapeau américain stylisé qui s’offre à nos yeux en guise d’intro. Affiches, peintures, études, croquis et surtout planches originales encadrées. C’est surtout pour ça que nous venons.

Plus loin, des objets en dur, en provenance directe d’Hollywood, sont exposés au regard de tous. Le bouclier endommagé de Cap, une moto d’Hydra, des costumes etc. A ce propos, nous tombons sur une reconstitution d’une scène du film, celle où Captain pose avec ses potes. Des mannequins ont remplacé les acteurs, mais les costards sont bien là. Pas mal, mais où est Peggy Carter ? Pas là ? Dommage ! Hayley Atwell me fait un de ces effets…

Qui dit expo dit visiteurs, nous ne sommes donc pas seuls. Et qui dit expo de super-héros dit geeks et surtout hipsters. Et y’en a un paquet ! Les fidèles de ce blog connaissent ma haine profonde pour cette catégorie d’individus que je jetterai vivant dans un broyeur à viande avec un plaisir immense. Ils sont là, avec leurs attitudes frisant la trisomie, leur fringues bariolées de clodos fashion et leurs poils ridicules. C’est à ça que ressemble un homme en 2014 ? Putain mais mourrez tous !

On croise un père de famille d’une trentaine d’années avec une poussette dans les pognes et cinq petits gosses sur les côtés. Un vrai chenil ! Le mot « chenil » n’est pas vain puisqu’il passe son temps à leur dire : « Fais pas ci ! Viens-là ! Reste-là ! Touche pas ! Laisse ça ! Avance ! » On pourrait croire qu’il a amené sa portée ici pour leur faire plaisir, mais non. Les mômes regardent à peine les affiches sur les murs, préférant courir, brailler et tomber par terre. Papa est venu juste pour lui, c’est lui le fan de clowns en cape, pas ses moutards.
Plus loin, nous assistons au même tableau, ou presque, avec une mère du même âge. Elle a au moins 10 cm d’orteils qui dépassent de ses tongs de luxe… Malgré ça, elle est en admiration devant une couv’ originale de Jack Kirby représentant Hulk et tente d’expliquer l’histoire du géant vert à sa gamine qui s’en bat clairement les steaks.

Sur les murs, il n’y a pas que des cadres et autres sous-verres mais également des écrans de télé diffusant la parole divine du prophète Stan Lee. Il nous raconte, en vo sous-titrée français et anglais, la merveilleuse histoire des comics dont il est quasiment à lui tout seul l’instigateur, en omettant toutefois de préciser toutes les idées qu’il a piquées aux autres dans sa (longue) carrière. Bah, on te pardonne Stan. Steve Jobs a fait la même chose toute sa vie et quelle carrière ! Surtout à la fin…

Les pavillons s’enchaînent. Captain America, Thor, avec un marteau et un demi-costume de Loki en expo, Iron Man, avec un casque taille réelle et plusieurs maquettes ayant servies de modèles pour les films, Hulk, puis des « cosmiques » regroupant pèle-mêle Thanos, le Surfer, Nova, Captain Marvel, Guardians Of The Galaxy et son buste de Groot etc.
La Rouquine et moi étant de vieux cons assumés, les machins modernes ne nous intéressent pas. Mis à part quelques coups d’œil respectueux sur le travail d’Alex Ross, nous nous concentrons donc sur les planches originales de nos maîtres sur la période 60/80’s. Il y a la dose. Ditko, Kirby, Byrne, Romita père et fils, Colan, Perez etc. Nous admirons les originaux que nous avons vus et lus des centaines de fois étant gosse dans nos publications Lug ou Arédit. Ça fait bizarre de les avoir en face de soi.
Les novices en BD seront sans doute surpris de découvrir ces planches brutes de dessinateur, avec ses rattrapages/rafistolages à coups de Tipp-Exx, découpages, collages etc. Et oui, même des monstres comme Buscema ou Byrne font des erreurs.

Le p’tit pot à tabac à l’entrée nous avait dit que les photos étaient interdites. Pourtant, nous retrouvons notre maître-chien et son chenil cités plus haut immortalisant quelques planches à l’aide de son portable. La Rouquine décide de l’imiter, sort le sien et en flashe une, ce sera Iron Fist, dessiné par Byrne. Un classique. La planche fut publiée dans le Titans 23.

Plus loin, une sorte de cabine permet de se faire prendre en photo avec sans doute un personnage ou un décor en incrustation puisqu’il y a un fond bleu. La file d’attente, pleine de gamins bruyants, et la profonde bêtise de ce genre de chose nous fit bifurquer de suite. A noter un mini coin « cinéma » projetant bouts de films et docus. Inutile de préciser que toutes les places assises étaient prises.

Et puis soudain, c’est fini ! A peine 20 mn ont suffit pour faire le tour de l’expo. C’est court. Les critiques avaient prévenu. La Rouquine commence à se plaindre que les pavillons sont trop mélangés, trop axés sur les films ; que de commencer par le passé puis d’avancer vers le plus moderne aurait été plus judicieux etc. Elle n’a pas tort.

Après un dernier tour, plus rapide, nous nous dirigeons vers la sortie et elle me conseille de respirer doucement et de faire attention à mon rythme cardiaque. Ah bon ? Pourquoi ? Elle a aperçu Chloe Vevrier ? Ah non, il y a une boutique de souvenirs et des figurines et statues ! Ce qui aurait pu m’être fatal se révélera un pétard mouillé. Trois boîtes de Marvel Select et deux tirelires en plastique se battent en duel. Quant aux quelques statues et figurines Hot Toys en vitrine, les prix me font éclater de rire, avec un bon coup de « +30% » au prix classique d’une boutique VPC. C’est pire qu’à Japan Expo !
En guise de souvenirs, la Rouquine décide d’acheter tout de même le programme de l’exposition, avec lequel j’ai illustré ce billet.

Certains profitent de leur pause déjeuner pour aller chez le coiffeur, d’autres se faire une expo de super-héros. Chacun ses priorités.