mercredi 6 avril 2016

LES BROCANTES, C'ETAIT MIEUX AVANT !

On entend depuis quelques mois la même désagréable petite musique à propos des brocantes. Il paraît que c'était mieux avant. Remarquez, sur certains points, ce n’est pas faux. Celles et ceux qui les ont connues au début des années 2000 vous diront, avec beaucoup de trémolos dans la voix, que c’était « open bar ». Imaginez un peu.

Le dimanche, on arrivait en début d’après-midi, histoire de digérer le gigot familial, et on trouvait des jouets à profusion. La première brocante venue en était farcie.
A ce moment-là, les jouets de nos jeunes années, ça ne valait rien. Il y avait même du mépris dessus. Aucun brocanteur sérieux ne se spécialisait dans les Goldorak et compagnie. On les vendait sur le coin de l'étal parce que les gamins avaient grandi, ça encombrait la cave ou le grenier ou ça occupait une chambre qu’on voulait refaire. Les revendeurs ne parlaient quasiment pas de prix tant ils étaient contents de se débarrasser de toute cette camelote. Quand on causait un peu avec eux, ils nous disaient :
- Dites donc, c'est vos enfants qui vont être contents !
Et nous de lui répondre:
- Non, non, c’est pour moi ! 
- Ah ? Ok... (air navré du vendeur qui se dit qu’il parle à un(e) demeuré(e)).
Si l'ancien proprio des jouets les vendait lui-même, on se parlait un peu plus et même que l'on se comprenait parfois :
- Ah c’que j’ai joué avec quand j'étais petit, mais mes gamins trouvent ça nul et vieux. C’est pour vous ? Vrai ? C’est cool ça de savoir que ça va aller dans les mains de quelqu’un qui saura les apprécier ! Faites gaffe au lanceur de missile, il est capricieux, il faut appuyer sur le bouton un peu vers la droite et là, ça marche. Bah, il est vieux, un peu comme nous, aha ! Allez, merci et au revoir, et prenez-en soin !
A cette période, quand on achetait un vieux jouet, c'était pour soi, pas pour le revendre ensuite puisqu'il n'y avait aucune demande. On ne le savait pas mais c'était à ce moment-là qu'il fallait se constituer sa collection, quand tout était cheap et accessible. Il y avait tellement de choix que les sacs ne suffisaient jamais et on se démontait le dos et les mains à les ramener chez soi tant ils étaient lourds et débordaient de trésors. Du vieux, du moins vieux, du neuf même, avec des gens qui ressortaient des placards des jouets en boîte qu'ils avaient gagné à un concours ou qu'on leur avait offert des années auparavant mais qu'ils n'avaient jamais ouverts parce que ce n'était pas leur univers.
Popy, Big Jim, poupées, jeux de société ou électronique, circuits, Lego, Playmobil etc. Il n'y avait qu’à se baisser. Des milliers d'enfances bradées.

Les années ont passé. Avec la crise et la peur de l'avenir, la nostalgie de ses anciens jouets a commencé à s'installer chez les 30/40 ans et on entendait de plus en plus des exposants vous dire :
- Hein? Ah, vous cherchez des jouets ? Oh bah dites donc j’en r'viens pô, j’ai tout vendu c'midi ! Hein m'mon qu'on a tout vendu?
- Oui p'po! 
Puis :
- Houla, vous arrivez trop tard, il fallait passer plus tôt, ça part dès le matin ça !
La nostalgie était devenue une mode et surtout un business. Des boutiques spécialisées s'ouvraient, des émissions télé commençaient même à en parler. Il n'en fallait pas plus pour que des amateurs opportunistes sentent le filon et que le choix se tarisse. Comme un lac surexploité, le poisson a commencé à devenir rare. On revenait de la pêche avec de moins en moins de sacs. Appliquant les conseils des exposants, le réveil fut mis à sonner plus tôt et c'était ça qui faisait encore la différence. Mais plus maintenant.

Désormais, se lever tôt, c'est déjà trop tard. Oubliez le début de la brocante à 08h, il faut désormais se présenter au déballage, vers 06h, quand le stand n'est même pas encore monté et que les exposants arrivent tout juste. On en voit même se coller les mains autour des yeux contre les vitres des voitures et camionnettes à peine garées, histoire de reluquer dedans et d'apercevoir peut-être des pépites afin de mettre tout de suite une option dessus. C'est triste à dire mais si vous ne repérez pas le jouet dès sa sortie du carton, vous vous ferez doubler. Et oui, la concurrence est là, et elle est rude. Collectionneurs, revendeurs sur eBay ou tout simplement exposants, parfois sur la même brocante, tous sont aux aguets. Premier arrivé, premier servi. C'est devenu la règle et n'espérez aucune pitié.


Tout cela est navrant, certes, mais c’est le jeu de l'offre, de la demande et de la concurrence et ça, certains ne peuvent l'accepter et le font bruyamment savoir. Depuis quelques mois, ce changement de modèle économique est devenu l'un des sujets phare de la petite communauté des collectionneurs de jouets. Il y en a plein les forums, blogs et pages Facebook de ces Caliméro braillant que la vie est injuste et que les gens sont méchants. Alors on va se servir de leurs lamentations ridicules pour remettre les pendules à l'heure.

  • A cause de ces vautours, je ne trouve plus rien en brocante à Paris ou en banlieue !

Il est désormais acquis, et depuis très longtemps, que toutes les brocantes et vide-greniers de Paris et de sa proche banlieue ont été rincées et mettront des années à s'en remettre. Cela s'applique également pour les grandes villes de province. Pour trouver encore du matos, sans assurance aucune, il faut se lever bien plus tôt, brûler encore plus d'essence pour s'en aller toujours plus loin, jusque dans des coins non répertoriés par les GPS. Tu peux te lamenter, te rouler par terre en couinant et en tapant des pieds, ça ne changera rien. Le temps où tu trouvais du Popy à 2€ en bas de chez toi, c'est terminé ! Alors, soit tu te bouges le cul pour te rendre dès l'aube à la brocante de Galigny-Les-Crêpes-Molles, soit tu fermes ta gueule.

  • A cause de la mode sur les jouets, les revendeurs gonflent les prix !

Il est normal qu’un professionnel qui vit de son activité se tourne vers les thèmes qui marchent ! En ce moment, ce sont les jouets, donc, ils cherchent des jouets et les revendent plus cher, parce qu'il y a une demande. Ça s'appelle faire une marge, qui paiera, entre autre, leurs frais et taxes. Si cela te déplaît, attends la fin de cette mode ou gagne au Loto.

  • Il y a des gens qui trouvent des trucs en brocante et préfèrent les revendre sur eBay pour en tirer le maximum d'argent plutôt que d'en faire profiter leurs amis ou la communauté. C'est dégueulasse !

Sur certains fils de discussions, on lit très sérieusement des tas de gens piquer des colères noires parce que Untel, qui est toujours présenté comme un ami sincère et véritable alors que ce n'est qu'un de leurs contacts Facebook qu'ils n'ont jamais rencontré en vrai, n'a pas pensé à eux en leur revendant à bas prix, voire carrément de leur donner (mais oui !), la gougouille qu'il a dénichée au dernier vide-grenier en date. Mais dans quel pays de miel et de sucre vivez-vous ? L’amitié doit forcément être intéressée chez vous ? Tu es mon ami donc tu me dois ? Les autres doivent aller au charbon à votre place et vous donner le produit de leurs efforts sinon ce ne sont pas de vrais amis pour vous ? Non mais ça va pas la tête ? On fait ce qu’on veut de ses trouvailles. C'est à celui ou celle qui les a trouvées et achetées, c'est sa propriété, et si son désir est de les vendre au meilleur prix, c'est son droit. Vous, vous n'en avez aucun. L'idée ne vous effleure pas non plus que cette personne a peut-être besoin de fric ? Ce n'est pas votre "amitié" qui va payer ses factures.


  • Je suis dégoûté(e) du monde des collectionneurs et des brocantes, personne ne pense à personne. Moi je vends toujours très bas aux autres ou je donne le plus souvent ce que je trouve parce que j'ai pas cette mauvaise mentalité.

Mais tu sais bien que tu mens en disant ça. Jamais tu ne penses aux autres, sauf quand tu as besoin d'eux. Pour toi, ce sont les autres qui doivent partager, mais pas toi. Quand tu trouves une rareté, tu fais comme toute le monde: tu te la gardes pour toi. Là tu nous fais ta petite crise de sale gamin(e) gâté(e) qui ne peut supporter de voir des objets intéressants chez les autres. Ça te frustre, l'envie te ronge, tu voudrais tout sans rien faire ni payer, peut-être même parce que tu vois de l'argent t'échapper. Va savoir si tu ne vends pas toi aussi sur eBay ou Le Bon Coin par derrière. N'essaye pas de te faire passer pour un(e) saint(e), tu en es loin et arrête de voir ce milieu comme quelque chose de naturellement altruiste. Un rassemblement d'individualistes forcenés n'a jamais formé une communauté au sens propre du terme.

Sur Terre, les différentes espèces ont toujours dû s'adapter pour survivre, il en va de même pour le collectionneur de jouets. Et si l'effort demandé est trop grand pour certains, qu'ils abandonnent, ça fera plus de matos pour les autres.

6 commentaires:

  1. ...
    On dirait que le propriétaire du blog a pris un nègre littéraire.

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    1. On appelle ça un article à quatre mains.

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    2. Mmmmmh ... Entre la pub gratoche et l'affirmation choquante que tu aurais des "amis", je penche plutôt pour la psychose hallucinatoire chronique :s

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  2. Excellent article qui retranscrit bien l'esprit des brocs de la fin des 90's - début des années 2000. Mais tu vas te faire des amis chez les Caliméro "anonymes" ^_^

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  3. Oui, c'est vrai que c'était la bonne époque... je venais de démarrer ma collection, et un dimanche en fin de journée brocante, je tombe sur une quincaillerie dans une petite ville, qui avait un stand avec tout et n'importe quoi, dont un peu de jouets et au milieu un personnage popy Ulysse 31. En discutant, ils vendaient des jouets auparavant et m'emmènent en réserve, où il y avait toute la gamme Ulysse 31 en boites un peu jaunies mais produits nickel... j'ai tout pris et je les ai encore ☺
    Le pire c'est qu'il y avait du mask, du playmobil, des lego, ... que je n'ai pas pris ...

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